Les Nations unis redoutent de manquer de fonds pour faire face à la famine et à la malnutrition croissante qui affectent des millions de Soudanais dans un pays ravagé par deux ans de guerre, a affirmé lundi le Programme alimentaire mondial (PAM).
« L’aide alimentaire est une bouée de sauvetage pour les familles de réfugiés vulnérables qui n’ont nulle part où se tourner », alors qu’une « crise régionale à part entière' » affecte des pays déjà touchés par « des niveaux extrêmes d’insécurité alimentaire et des niveaux élevés de conflit », souligne Shaun Hughes, coordinateur régional du PAM, dans un communiqué.
« Le PAM a juste besoin de plus de 200 millions de dollars pour maintenir sa réponse d’urgence aux réfugiés soudanais » dans les pays voisins – Egypte, Ouganda, Tchad, Centrafrique, Sud Soudan, Ethiopie, Libye- et 575 millions de dollars pour les quelques 10 millions de déplacés internes du Soudan ayant fui les combats entre l’armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide, poursuit le texte.
L’ONU affirme que son plan de réponse humanitaire pour le Soudan, pays frappé par « la plus grande crise de famine au monde », n’est financé qu’à 14,4 %, alors que l’aide internationale fait face à un déficit de financement de plusieurs milliers de milliards de dollars notamment lié aux coupes décidées par le président américain Donald Trump. Une conférence de l’ONU organisée en Espagne cette semaine vise à mobiliser de nouveaux soutiens.
La guerre de pouvoir entre le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée et dirigeant de facto du pays depuis le coup d’Etat de 2021, et son ancien allié le général Mohamed Hamdane Daglo, chef des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), a fait des milliers de morts au Soudan depuis avril 2023, détruit les infrastructures publiques et désorganisé la production agricole de ce pays irrigué par le Nil.
Au Soudan même, plus de 8 millions de personnes sont au bord de la famine et près de 25 millions -soit la moitié de la population- souffrent d’une insécurité alimentaire extrême, selon le PAM.
Faute de subvention, le soutien aux réfugiés soudanais en Égypte, en Éthiopie, en Libye et en République centrafricaine « pourrait s’arrêter dans les mois à venir à mesure que les ressources s’épuiseront », avertit le communiqué.
En Égypte — où ont afflué 1,5 million de réfugiés du Soudan depuis le début du conflit l’assistance alimentaire a déjà été réduite pour 85.000 personnes cette année et les aides vitales cesseront d’ici août sans financement supplémentaire, avertit le PAM.
Au Tchad, où plus de 850.000 personnes ont fui et où un millier de nouveaux réfugiés arrive tous les jours en provenance du Darfour (ouest du Soudan), les rations alimentaires vont continuer à être réduites.
