Le groupe de médias Africa 24 a dénoncé la suspension de sa chaîne d’informations panafricaine en Guinée, à quelques jours de l’élection présidentielle de dimanche.
Les Guinéens sont appelés à voter lors d’une présidentielle censée parachever le retour à l’ordre constitutionnel après un coup d’Etat en 2021 qui a porté au pouvoir la junte du général Mamadi Doumbouya, désormais candidat à cette élection sans opposant d’envergure.
Dans un communiqué lundi soir, Africa 24 a dénoncé une « action abusive », affirmant n’avoir « déployé aucune ressource sur le territoire national de la Guinée pour couvrir la campagne présidentielle 2025 depuis le 14 décembre 2025 », faute d’autorisation.
Le groupe d’information précise avoir réalisé des entretiens en Guinée avant la période obligatoire d’accréditation et après en avoir informé préalablement le régulateur des médias guinéen.
Les reportages diffusés depuis sur sa chaîne sont issus « quasi exclusivement des services vidéo de chaque candidat à la présidentielle » et d’images d’agences de presse.
Dans une décision publiée dimanche soir, la Haute Autorité de la Communication (HAC) de Guinée a annoncé suspendre d’Africa 24, l’accusant d' »exercice illégal de la profession » et d’avoir réalisé des reportages sur la campagne électorale sans autorisation. Il s’agit de la première suspension d’une chaîne internationale annoncée par la HAC qui a suspendu temporairement ou définitivement plusieurs médias ces dernières années.
Le groupe de médias Africa 24, « à capitaux 100% africains », possède quatre chaînes de télévision, dont des chaînes d’actualité en français et en anglais consacrées à l’actualité sur le continent.
La junte au pouvoir en Guinée est accusée de restreindre la liberté des médias, en les bloquant ou les suspendant. Elle a, selon les professionnels, fait arrêter puis libérer plusieurs journalistes. L’un d’eux, Habib Marouane Camara, qui dirige le site Lerevelateur224, est porté disparu depuis décembre.
Depuis l’avènement de la junte, plusieurs partis politiques ont été suspendus, les manifestations – interdites depuis 2022- sont réprimées, et de nombreux dirigeants de l’opposition et de la société civile ont été arrêtés, condamnés ou poussés à l’exil. Les nouvelles de disparitions forcées et d’enlèvements se sont multipliées ces dernières années.
Malgré sa promesse répétée de rendre le pouvoir à des civils à la fin d’une période de transition, le général Mamadi Doumbouya se présente à la présidentielle et semble assuré de remporter en l’absence d’opposant d’envergure.


