Les Conférences épiscopales réunies de l’Afrique de l’Ouestdonnent de la voix sur la situation au Niger. Cardinaux, Archevêques et Evêques s’en inquiètent et se posent des questions sur la tension sous régionale.
C’est après concertation que les Conférences épiscopales de l’Afrique de l’Ouest ont rendu public une lettre d’exhortation et de discernement à travers laquelle elles se disent « profondément préoccupées par la tension sous régionale » en lien avec la situation politique au Niger. « Face aux événements qui se déroulent actuellement dans notre sous-région, il est de notre devoir moral, spirituel et pastoral d’adresser cette lettre d’exhortation à tous les acteurs impliqués, de près ou de loin, dans la gestion de cette crise afin d’inviter chacun à faire preuve de retenue, de discernement et de responsabilité. Il y va de la vie de nos peuples de l’Afrique de l’Ouest », lit-on dans la déclaration de ces dignitaires de l’église catholique signée à Abuja le 4 aout dernier.
En gardant comme vision centrale, indiquent-ils, l’intégrité des populations et en mettant l’accent sur le respect de la dignité humaine et un sens élevé de la redevabilité devant les hommes, l’histoire et Dieu le Créateur, « nous affirmons que rien ne peut justifier la création ou la facilitation d’un environnement destructeur pour nos populations ». Pour eux, « aucun intérêt, projet individuel, national, régional, géopolitique ou confessionnel ne doit prévaloir sur la préservation de la vie, de la dignité humaine et de l’avenir des générations futures en Afrique de l’Ouest et au-delà ».
La violence ne résout aucun problème, même pas celui qui est à l’origine de son déclenchement, préviennent-ils. « Nous affirmons et insistons auprès de la CEDEAO et de l’Union Africaine, pour dire que toute intervention militaire au Niger en ce moment, compliquerait plus la situation des populations du Niger, et de la sous-région qu’elle ne leur apporterait des solutions », préviennent-ils. Aussi, attirent-ils l’attention sur le fait que « le terrorisme a déjà son bilan macabre de veuves, d’orphelins, de déplacés, d’affamés, de mutilés » et que « les populations n’attendent pas que les institutions régionales et africaines viennent alourdir ce bilan ».
Le cas de la Libye demeure exemple tragique des conséquences désastreuses sur la vie, la dignité et l’avenir des populations, illustrent les Cardinaux, Archevêques et Evêques d’Afrique de l’Ouest dans leur déclaration. « Nous ne pouvons pas rester silencieux face à de telles situations et devons tirer des leçons pour que de tels événements ne se reproduisent plus, en particulier avec le Niger comme épicentre potentiel d’une crise similaire », conclut la lettre d’exhortation et de discernement publié par ces prélats.
Jonadeleine TADAGBE