Centrafrique : 18 à 25 ans de prison pour des chefs rebelles poursuivis pour crimes de guerre

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La Cour pénale spéciale (CPS) en Centrafrique, placée sous l’égide de l’ONU, a condamné jeudi six chefs rebelles à des peines de 18 à 25 ans de prison, pour des crimes de guerre commis en mars 2020 à Ndélé (nord) dans un conflit intercommunautaire.

Les exactions jugées, commises entre le 6 et le 27 mars 2020, avaient causé plus de 90 morts parmi les membres de deux ethnies qui se sont affrontées. Des dizaines de personnes avaient été blessés. Des pillages et la destruction de plusieurs centaines d’habitations avaient eu lieu.

Le conflit avait débuté fin 2019 après la scission du Front populaire de la renaissance en Centrafrique (FPRC), un des groupes rebelles présents dans la préfecture de Bamingui-Bangoran. Le groupe, composés de membres des ethnies goula et rounga, avait pris le contrôle de la région.

A la suite de la scission, les deux ethnies se sont affrontées à Ndélé. L’intervention de l’armée centrafricaine en mai 2020, après plus de 10 ans d’absence, avait mis un terme aux attaques.

La session d’assises de la CPS, tribunal composé de magistrats centrafricains et internationaux en charge de juger les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de génocide commis depuis 2003 en Centrafrique, a reconnu six chefs rebelles responsables d’une « attaque systématique et généralisée lancée contre la population », qualifiant de « crimes de guerre » les « meurtres » et « autres actes inhumains » commis.

Le verdict prononcé « représente une avancée dans la lutte contre l’impunité pour les crimes graves commis en République centrafricaine », s’est félicité l’ONG Amnesty International, qui se réjouit que « la lumière a été faite » sur les atrocités », même si « quatre personnes parmi les six jugées coupables et condamnées à de lourdes peines l’ont été par contumace ».

Ce procès, dit de Ndélé 2, jugeait les crimes commis par la faction rounga des FPRC, alors que le procès Ndélé 1 conclu en décembre 2024 avait condamné quatre auteurs de crimes de la faction goula à des peines de 20 à 30 ans pour des meurtres, mutilations et tortures, commis lors de l’attaque d’un marché en avril 2020.

La Centrafrique connaît une succession de crises militaro-politiques depuis son indépendance de la France en 1960. Malgré des accords de paix signés avec 14 factions rebelles en février 2019, plusieurs groupes armés ont poursuivi les combats et maintenu leur autorité sur des pans entiers du pays.

L’intervention de l’armée centrafricaine appuyée par le groupe paramilitaire russe Wagner depuis 2018 et par l’armée rwandaise a permis de réduire progressivement leur emprise sur les provinces.

La situation sécuritaire s’est sensiblement améliorée même si les axes et certaines régions du pays, notamment dans l’est et le nord, demeurent très volatiles.

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