Un tribunal du Malawi a reconnu comme un cas de « torture » une affaire dans laquelle un garçon de 13 ans a perdu ses deux mains après avoir été ligoté en garde à vue par des policiers, qui n’avaient été reconnus coupables que de blessures graves, a déclaré vendredi le Southern Africa Litigation Centre (SALC), une association juridique.
L’enfant avait été placé en garde à vue pendant plusieurs jours en janvier 2024 après avoir été accusé de vol. Les policiers ont attaché ses mains fortement serrées l’une contre l’autre avec une ceinture en caoutchouc, ce qui a entravé la circulation sanguine et nécessité une amputation.
En avril, un tribunal a reconnu les deux policiers coupables de blessures graves. Mais le code pénal du Malawi ne criminalise pas la torture en tant que délit spécifique, et le tribunal n’a pas qualifié cet acte comme tel.
La Haute cour a statué jeudi que le recours par la police à des « mesures excessivement dures constituait de la torture, un traitement cruel, inhumain et dégradant (…) et était donc illégal et inconstitutionnel », a déclaré le SALC.
Pour l’association, la décision du tribunal est un « pas en avant vers la justice », mais ne représente qu’une « victoire partielle », en l’absence de poursuites pénales pour torture.
Auparavant, les procureurs retenaient des chefs d’accusation comme les attaques ou les coups et blessures graves, passibles d’une peine maximale de 14 ans de prison. Mais ces chefs d’accusation ne « rendent pas compte de la gravité de la torture ou de tout traitement cruel, dégradant ou inhumain », a relevé le SALC.
Le Malawi a ratifié la Convention contre la torture en 1996 et sa Constitution interdit cette pratique, mais son code pénal est dépassé et truffé de « lacunes législatives », selon l’Organisation mondiale contre la torture. En décembre, six policiers ont été reconnus coupables de meurtre pour avoir torturé à mort un suspect en prison.