Dans la société nigérienne très conservatrice, la réalisatrice Aïcha Macky brise des tabous: primée internationalement et membre permanent de l’Académie des Oscars, elle explore dans ses films sa quête de maternité ou les aspirations des jeunes Nigériens.
La réalisatrice de 43 ans incarne une nouvelle génération qui fait renaître le cinéma nigérien, très prolifique dans les années 70 et 80. Un parcours qui n’est pas sans embûches. « Nous sommes dans une société assez conservatrice et il faut énormément d’abnégation pour une femme qui décide de faire du cinéma », explique la cinéaste, réajustant le voile orange qui cache ses cheveux. « Quand on parle de la femme cinéaste, on a l’impression qu’on parle de quelqu’un qui fait du dévergondage. Avec des mentalités comme ça, ce n’est pas évident », peste t-elle.
Selon elle, trop de Nigériennes renoncent à une carrière cinématographique en grande partie à cause « du regard pesant de la société ».
Mais Aïcha Macky n’a jamais cédé à la « pression sociale ».
Titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’université de Niamey et d’un master en cinéma à Saint-Louis au Sénégal, elle affirme être « prédestinée » au 7e art. Enfant, déjà, elle se distingue sur les planches et dans des compétitions culturelles scolaires de sa ville natale de Zinder (centre).
En 2004, lorsqu’elle débarque à 22 ans dans la capitale pour ses études supérieures, elle est moquée par certains de ses camarades pour sa « frêle silhouette », se souvient-elle.
« A Niamey une femme doit avoir des rondeurs » pour être courtisée, explique t-elle. Cette expérience va l’inspirer dans ses projets artistiques, avec d’abord un premier court-métrage « Moi et ma maigreur » en 2011 puis « Savoir faire le lit » en 2013 qui aborde le dialogue souvent tabou entre mères et filles sur l’éducation sexuelle.