Un nouveau rapport d’Amnesty international indexe les autorités de la République démocratique et les accuse de violations de droits humains au nom d’une transition écologique. L’Ong déplore surtout des exclusions de centaines d’habitants.
« Les expulsions forcées sont à l’intersection de plusieurs droits humains fondamentaux que sont le droit au logement, l’accès à la santé ou bien encore le droit à des conditions de travail décentes, car on ne peut pas travailler sereinement lorsque l’on n’a pas de toit ou que l’on vit sous la menace de l’activité d’un groupe industriel », rapporte la chercheuse Candy Ofime, co-auteure d’une étude sur la transition écologique en République démocratique du Congo. L’extraction de cobalt et de cuivre continuent d’être source de malheur pour une bonne partie de la population. Selon Amnesty International, « l’expansion des mines industrielles de cobalt et de cuivre a conduit à l’éviction forcée de plusieurs centaines d’habitants dans la province de Lualaba, dans le sud du pays, et en particulier dans la ville minière de Kolwezi, où plusieurs milliers d’habitations sont menacées ». Ces métaux rares dont la demande a explosé ces dernières années sont essentiels à la production de batteries rechargeables. Celles-ci sont utilisées notamment pour les voitures électriques, considérées comme un pilier de la transition verte.
« Notre étude porte sur quatre projets miniers, localisés à Kolwezi ou dans ses alentours. Dans trois de ces endroits, le processus observé correspond à des expulsions forcées, c’est-à-dire que les personnes ont été forcées à partir sans protection juridique adéquate », relate Candy Ofime dans un entretien. Une première vague d’expulsions a eu lieu en 2016 sans négociation préalable et avec une indemnisation ne permettant pas aux habitants de se reloger dans les mêmes conditions, déplore-t-elle. Depuis, le projet minier continue de progresser dans ce quartier où plusieurs milliers de personnes vivent dans la crainte d’être expulsées, explique Candy Ofime dans son entretien.
Au nord-ouest de Kolwezi, plusieurs centaines d’éleveurs et de cultivateurs ont perdu l’accès à leurs terres, du fait du projet Metalkol RTR (Kazakhstan). Plusieurs d’entre eux affirment avoir été forcés à signer en échange d’une compensation dérisoire, illustre-t-elle. Ces dernières années, l’activité minière progresse à un rythme soutenu en République démocratique du Congo, avec pour corollaire, des vagues d’expulsion des populations.
Jonadeleine TADAGBE