Le commissaire à l’environnement de l’Etat de Lagos, Tokunbo Wahab, a annoncé ce dimanche 28 janvier, l’interdiction des boîtes en polystyrène et des plastiques à usage unique, « avec effet immédiat ». Cette nouvelle a surpris la population de Lagos qui vit du secteur informel et a suscité des interrogations sur sa mise en œuvre, y compris parmi les défenseurs de l’environnement.
Pour Folawemi Umunna, cofondatrice de l’ONG Initiative pour la protection climatique et écologique, la décision d’éliminer les matériaux non biodégradables sera positive si l’Etat de Lagos gère correctement son plan d’action. « Il s’agit d’une excellente nouvelle pour l’environnement à différents niveaux et, si cette mesure est mise en œuvre de manière efficace, elle permettra de réduire considérablement les émissions de tonnes de CO2 dans l’Etat de Lagos », a-t-elle indiqué.
En 2019, les députés nigérians avaient voté une loi interdisant les sacs plastiques, mais elle est restée lettre morte faute d’être allée au terme de son parcours législatif. Dans la mégapole de plus de 20 millions d’habitants, la question de la gestion des déchets est centrale alors que les détritus bouchent régulièrement les égouts et les conduites d’évacuation, notamment pendant la saison des pluies, causant inondations et favorisant la prolifération des moustiques, vecteurs du paludisme, dans les eaux stagnantes.
Selon la fondation allemande Heinrich-Böll, le Nigeria est « le second importateur de plastiques d’Afrique » avec 17 % de la consommation plastique du continent et plus de 130 000 tonnes de plastique qui finissent dans les eaux nigérianes chaque année. « Si rien n’est fait, les importations et la consommation de plastiques dépasseront 40 millions de tonnes d’ici à 2030 », a t-elle écrit dans un rapport publié en 2020.
Mais si l’interdiction du polystyrène et du plastique à usage unique est une bonne nouvelle, l’écotoxicologue Olawunmi Sogbanmu, craint néanmoins les conséquences socio-économiques de cette mesure sur ceux dont les revenus dépendent de cette chaîne de valeur. Vendeurs de nourriture mais aussi d’eau en sachets plastiques, collecteurs de déchets, nombreux sont ceux qui dépendent de cette économie informelle. ´
Pour rappel, Le Nigéria subit une profonde crise économique avec un triplement des prix du carburant depuis l’arrivée au pouvoir en mai du président Bola Ahmed Tinubu et une inflation à près de 29 % en décembre sur les douze derniers mois.