Le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, a lancé dimanche un processus de réconciliation. Cette réconciliation était très attendu, quarante ans après les massacres dits de « Gukurahundi », au cours desquels quelque 20.000 civils de la minorité ndébélé ont été tués dans l’ouest du pays.
Des survivants seront interrogés lors d’une série d’audiences qui pourraient ouvrir la voie à des indemnisations. « Aujourd’hui est un moment charnière dans notre histoire. Le jour où nous démontrons qu’en tant que pays, nous sommes capables de résoudre nos conflits en tant que Zimbabwéens, quelle que soit leur complexité ou leur ampleur. », a déclaré Emmerson Mnangagwa. « Cette initiative est un symbole puissant de notre volonté collective d’aplanir les divisions qui nous séparent depuis trop longtemps. », a-t-il ajouté. Il a qualifié le processus de « pèlerinage vers la guérison ».
Les massacres ont eu lieu quelques années après l’indépendance du Zimbabwe. À l’époque, l’ancien président Robert Mugabe, décédé en 2019, affirmait son pouvoir. À partir de 1983, il a déployé une unité militaire d’élite formée par la Corée du Nord pour réprimer des opposants dans la région du Matabeleland. Les soldats y ont tué environ 20.000 personnes entre 1983 et 1987. Ce bilan dressé par la Commission catholique du Zimbabwe pour la justice et la paix, a été corroboré par l’ONG Amnesty International.
L’opération était baptisée « Gukurahundi ». Ce terme en langue shona peut être traduit par « la première pluie qui lave l’ivraie ». L’opération visait les dissidents fidèles au rival de Robert Mugabe, son compagnon de lutte pour l’indépendance Joshua Nkomo, la plupart de la minorité ndébélé. Mugabe n’a cependant jamais reconnu sa responsabilité.
Après avoir pris le pouvoir en 2017, Emmerson Mnangagwa, 81 ans, a promis un processus de réconciliation. Il a mis en place des groupes de chefs traditionnels locaux pour enquêter sur ces massacres.