Le Rwanda commémore à partir de dimanche le génocide des Tutsi. Les célébrations officielles débuteront le 7 avril, jour des premières tueries de ce qui deviendra le dernier génocide du XXe siècle. Ce génocide a fait 800.000 morts, majoritairement des tutsi, mais aussi des Hutu modérés.
100 jours d’horreur dont l’ombre plane toujours sur ce pays de l’Afrique des Grands Lacs, malgré un inlassable travail de réconciliation.
Comme chaque année, le président Paul Kagame allumera une flamme du souvenir au Mémorial de Gisozi, à Kigali. Pendant une semaine, le pays va tourner au ralenti. La musique ne sera pas autorisée dans les lieux publics, ni à la radio. Evénements sportifs et films seront interdits de diffusion à la télévision, sauf s’ils sont liés aux commémorations.
Les tueries de 1994 ont été déclenchées au lendemain de l’attentat contre l’avion du président hutu Juvénal Habyarimana. Le pays était déjà plongé dans une frénésie de haine alimentée par une virulente propagande anti-Tutsi. Trois mois durant, armée, milices Interahamwe mais aussi simples citoyens massacreront alors avec fusils, machettes ou gourdins, les Tutsi, appelés « Inyenzi ». Les opposants et les hutu modérés seront aussi ciblés. Le carnage prend fin lorsque la rébellion tutsi du FPR s’empare de Kigali le 4 juillet. Ce qui déclenchera un exode de centaines de milliers de Hutu apeurés vers le Zaïre (RDC).
30 ans après le génocide des Tutsi
Depuis 30 ans, le Rwanda mène un travail de réconciliation, avec la création en 2002 de tribunaux communautaires. Dans les « gacaca » les victimes peuvent entendre les « aveux » des bourreaux. Les cartes d’identité ne font plus mention de l’origine ethnique et l’histoire du génocide est enseignée dans le cadre d’un programme étroitement contrôlé. Aujourd’hui, plus de 70% des 13 millions de Rwandais sont âgés de 30 ans ou moins. Sans oublier le passé, ils entendent s’affranchir du poids d’un génocide qu’ils n’ont pas connu.