L’insécurité alimentaire plane une fois de plus sur le continent africain. En se retirant de l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes, Vladimir Poutine augmente la problématique de l’Afrique sur l’accessibilité à l’alimentation. la seule porte de sortie du continent face à cette dépendance serait le recours aux cultures locales.
Vladimir Poutine a décidé de ne pas reconduire l’accord céréalier en mer Noire. L’Afrique se retrouve directement impactée par cette décision. Depuis le 17 juillet, les céréales ukrainiennes destinées à l’exportation ne peuvent donc plus emprunter la voie maritime. Près de 30 % du blé consommé sur le continent africain viennent pourtant de la Russie et de l’Ukraine. Les conséquences catastrophiques et désastreuses immédiates ne sont plus à démontrer. Plusieurs pays africains sont dans une situation d’extrême dépendance aux céréales importées.
L’appui de la banque mondiale
Quelle solution peut alors trouver l’Afrique pour échapper à cette dépendance extrême aux céréales ukrainien et Russe ? En mars 2022, la Banque africaine de développement (BAD) a annoncé une levée d’1 milliard de dollars pour soutenir le secteur agricole africain, en misant notamment sur des solutions technologiques pour améliorer la productivité, notamment via des variétés de blé plus résistantes à la chaleur. Pour Akinwumi Adesina, patron de la Banque africaine de développement, s’il y a un moment où nous devons vraiment augmenter de façon drastique la production alimentaire en Afrique, pour la sécurité alimentaire de l’Afrique et pour atténuer l’impact de cette crise alimentaire découlant de cette guerre, c’est maintenant. Plus d’une année après cette déclaration, les résultats concerts de cette nouvelle stratégie de la BAD se font attendre.
Les cultures locales, une alternative ?
Lorsqu’on n’a pas d’autre échappatoire, ce que l’on possède devient l’unique alternative ; le retour aux céréales locales. Mieux adaptées au climat que les céréales « occidentales », dotées de bien meilleures qualités nutritives, mil, sorgho, fonio ou teff font pâti des politiques agressives mises en place lors de la période coloniale, puis de la concurrence déloyale du blé ou du maïs largement subventionnés par les pays exportateurs. Une piste que prône notamment Makhtar Diop, directeur de la Société financière internationale (IFC). Il a plaidé en juin dans un entretien à Jeune Afrique en faveur d’une plus grande mobilisation du secteur privé et insistait sur l’urgence à « booster la production du fonio, du mil et la production locale du riz ». Décryptage, en infographies, des raisons qui plaident pour un recours massif à ces céréales locales.
Nelly BEHANZIN