L’ONG Human Rights Watch (HRW) a accusé les autorités rwandaises d’être responsables de meurtres, passages à tabac et enlèvements de dissidents à l’étranger, et appelé la communauté internationale à lutter contre cette « répression extraterritoriale ».
Selon HRW, « au moins trois Rwandais ont été tués ou ont disparu dans des circonstances suspectes, tandis que deux autres ont survécu à des tentatives d’enlèvement » au Mozambique depuis mai 2021. Parmi les victimes, Seleman Masiya, très critique du gouvernement rwandais. Il a été tué à son domicile dans le nord du pays en juillet 2022 alors qu’il avait le titre de demandeur d’asile. Toujours selon HRW, Seleman Masiya avait fait l’objet de pressions afin qu’il travaille pour le gouvernement rwandais. L’ONG déplore l’inaction de la communauté internationale. Une indulgence qu’HRW explique notamment par l’implication du Rwanda dans des opérations de maintien de la paix en Afrique, comme en Centrafrique et au Mozambique, où Kigali est intervenu depuis 2021 pour lutter contre une insurrection armée djihadiste. Human Rights Watch pointe également du doigt le rôle joué par des responsables des ambassades rwandaises ou des membres de la Rwandan Community Abroad (RCA), un réseau international d’associations de la diaspora liées au ministère des Affaires étrangères dans la surveillance et des pressions exercées sur des demandeurs d’asile et des réfugiés.
Yolande Makolo, la porte-parole du gouvernement rwandais contactée par l’AFP, a démenti ces accusations, affirmant que HRW « continue de présenter une image déformée du Rwanda qui n’existe que dans leur imagination », et évoquant au contraire « la promotion des droits, du bien-être et de la dignité des Rwandais au cours des 29 dernières années ».
Le Rwanda est dirigé par Paul Kagame depuis la fin du génocide de 1994. Il a été reconduit au pouvoir avec plus de 90% des voix lors des élections de 2003, 2010 et 2017. Il a annoncé fin septembre sa candidature pour un quatrième mandat en 2024.
Dorcas GANMAGBA