Les députés gambiens examinent depuis lundi un texte visant à lever l’interdiction des mutilations génitales féminines. L’interdiction était en vigueur depuis 2015.
La question divise le petit pays depuis des mois. Des centaines de personnes pour ou contre le projet se rassemblement pour protester devant le parlement.
« Le projet de loi vise à préserver les principes religieux et à sauvegarder les normes et les valeurs culturelles », a déclaré le député Almameh Gibba, qui a présenté le texte devant ses collègues. « L’interdiction de l’excision est une violation directe du droit des citoyens à pratiquer leur culture et leur religion », a-t-il ajouté.
Les militants et les ONG de défense des droits de l’homme affirment que la législation annule des années de progrès. Elle risque de nuire au bilan du pays en matière de droits de l’homme. Les députés ont renvoyé lundi le texte à une commission parlementaire qui va l’examiner pour au moins trois mois avant d’être à nouveau débattu. Quarante-deux ont voté pour et quatre contre.
76% des gambiennes excisées
Delon un rapport publié en 2021 par l’Unicef, 76% des gambiennes âgées de 15 à 49 ans ont subi l’excision. Il s’agit d’une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme. Elle peut entraîner de graves problèmes de santé, notamment des infections, des hémorragies, la stérilité et des complications lors de l’accouchement.
Le bureau des droits de l’homme de l’ONU a demandé le retrait du projet de loi, tandis qu’Amnesty International a déclaré qu’il créerait un « dangereux précédent » pour les droits des femmes.
L’ancien président gambien Yahya Jammeh a interdit les mutilations génitales en 2015. Le Parlement a ensuite adopté la première loi interdisant spécifiquement cette pratique.