Un an après l’enlèvement et l’assassinat du journaliste camerounais Martinez Zogo, la justice n’a toujours pas clairement établi qui sont les responsables.
Martinez Zogo a été enlevé à Yaoundé le 17 janvier 2023. Cinq jours plus tard, son corps était retrouvé sur un terrain vague situé dans la banlieue nord. L’assassinat a provoqué un immense choc au Cameroun, contraignant le pouvoir à accepter de faire mettre sous les verrous des personnalités auparavant intouchables.
Seize personnes sont en détention, dont les membres d’un commando des puissants services du renseignement, la DGRE, qui ont avoué, selon la justice, avoir juste enlevé et torturé le journaliste. Le lieutenant-colonel Justin Danwé, reconnait avoir dirigé l’équipe, mais son chef Léopold Maxime Eko Eko, directeur général de la DGRE, nie toute implication. Le sulfureux, richissime et puissant homme d’affaires proche du pouvoir, Jean-Pierre Amougou Belinga, cible d’innombrables plaintes et qui pérorait régulièrement sur ses chaînes de télé et de radio est aussi en détention. L’enquête a connu plusieurs rebondissements et une valse de juges et procureurs. Aujourd’hui, la thèse de l’existence d’un autre commando meurtrier, différent de celui ayant mené l’enlèvement, a le vent en poupe.
Les ennemis de Martinez Zogo semblaient légion. Son ton corrosif et ses accusations publiques véhémentes, parfois pas étayées, n’épargnaient personne au sommet du pouvoir, sauf Paul Biya et sa famille. Ses cibles favorites avant son décès étaient Jean-Pierre Amougou Belinga et un ministre accusé par le journaliste d’avoir favorisé ses affaires.
Le régime du président Paul Biya, 90 ans et au pouvoir depuis plus de 41 ans, continue de réprimer sévèrement toute opposition, accusent régulièrement les ONG internationales.