L’avocate et chroniqueuse tunisienne Sonia Dahmani a été condamnée à huit mois de prison ferme pour des propos jugés critiques à l’encontre du président Kais Saied. Ses avocats ont dénoncé « un harcèlement judiciaire ».
Connue pour son franc parler, Sonia Dahmani avait été arrêtée, en direct devant des télévisions, le 11 mai, par des policiers masqués qui avaient fait irruption au siège de l’Ordre des avocats à Tunis où elle s’était réfugiée. Elle a été condamnée à un an en première instance. Sa peine a été réduite à 8 mois mais ses avocats n’ont pas pu plaider pour sa remise en liberté. L’audience avait été suspendue mardi et le nouveau jugement a été prononcé tard dans la soirée.
Dans un communiqué, le comité de défense de Sonia Dahmani a dénoncé « un véritable harcèlement judiciaire depuis des mois » contre l’avocate. Il estime que « ses droits les plus fondamentaux sont quotidiennement bafoués ».
Le communiqué mentionne « une fouille à corps indigne et humiliante lors d’une audience le 20 août » et l’obligation de porter un « long voile blanc imposé aux femmes poursuivies pour des affaires de moeurs, alors qu’aucun texte ne prévoit une exigence aussi dégradante ». Il est reproché à l’avocate d’avoir ironisé sur un plateau de télévision en mai sur la possibilité que les migrants subsahariens veuillent s’installer durablement en Tunisie malgré une grave crise économique.
En février 2023, Kais Saied a fustigé l’arrivée de « hordes de migrants subsahariens illégaux » et un « complot » pour « changer la composition démographique » de la Tunisie. Ce discours avait déclenché une violente campagne anti-migrants dans le pays.