Devant des centaines d’étudiants de l’université de Dakar, Ousmane Sonko a délivré son discours le plus long et le plus politique depuis sa nomination. Il a pris la parole à l’occasion d’une conférence conjointe avec le chef de file de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, dont il a salué le soutien constant.
Ousmane Sonko s’est alors livré à une vive critique de l’action passée et récente de l’Occident, de l’Europe et de la France. Il est revenu sur le bras de fer que lui et son parti ont livré au pouvoir de 2021 à 2024. Ce bras de fer a causé des dizaines de morts et des centaines d’arrestations.
« Vous n’avez jamais entendu le gouvernement français dénoncer ce qui s’est passé.», a déclaré Ousmane Sonko. Il a accusé Emmanuel Macron d’avoir accueilli et « félicité » son homologue sénégalais « au pire (moment) » de la répression. « C’est une incitation à la répression, une incitation à la persécution et à l’exécution de Sénégalais qui n’avaient commis d’autre crime que d’avoir un projet politique », a-t-il déclaré.
Le Premier ministre sénégalais a également dénoncé la « néocolonisation ». Elle est à l’œuvre selon lui dans les relations entre l’Occident et l’Afrique. « Nous y avons presque cru lorsque le président Macron déclinait la nouvelle doctrine africaine de l’Élysée, cette nouvelle doctrine qui devait constituer au refus de tout soutien politique à des régimes autoritaires et corrompus. Ce n’est pas ce qui s’est passé au Sénégal. », a-t-il déclaré.
Ousmane Sonko a réaffirmé jeudi que son propos ne visait pas le peuple français, mais l’élite gouvernante. Il a également assuré que ses positions ne changeaient pas avec l’accession au pouvoir. Mais cette accession « nous amènera à collaborer avec tous les gouvernements, y compris l’État français et le gouvernement de Monsieur Emmanuel Macron. », a t-il insisté. « Plus de 60 ans après nos indépendances, nous devons nous interroger sur les raisons pour lesquelles l’armée française par exemple bénéficie toujours de plusieurs bases militaires dans nos pays, et sur l’impact de cette présence sur notre souveraineté nationale et notre autonomie stratégique. »
« Je réitère ici la volonté du Sénégal de disposer de lui-même, laquelle volonté est incompatible avec la présence durable de bases militaires étrangères au Sénégal. », a dit le Premier ministre sénégalais.