A quelques heures à peine de l’ouverture de la campagne, le chef d’Etat sénégalais a annoncé ce samedi 3 février avoir abrogé son décret fixant au 25 février la date de la présidentielle. Le dirigeant sénégalais a fait connaître sa décision dans son discours à la Nation.
« Notre pays est confronté depuis quelques jours à un différend entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, en conflit ouvert sur fond d’une supposée affaire de corruption de juges », a t-il expliqué. Le président sénégalais a ajouté que le pays ne pouvait « se permettre une nouvelle crise » après des troubles meurtriers en mars 2021 et juin 2023 et a annoncé « un dialogue national ouvert, afin de réunir les conditions d’une élection libre, transparente et inclusive ».
Les premières réactions ne se sont pas fait attendre. Peu après l’annonce, Khalifa Sall, un des principaux candidats et dirigeants de l’opposition, a appelé samedi 3 février tout le pays à «se lever» contre le report du scrutin décrété par le chef de l’Etat Macky Sall. «Tout le Sénégal doit se lever. Toutes les forces politiques démocratiques et de la société civile devraient s’unir pour que ce projet n’aboutisse pas», a déclaré l’ancien maire de Dakar, lors d’une conférence de presse. Auparavant, le ministre secrétaire général du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly, avait déjà annoncé sa démission. La crise politique est désormais ouverte dans l’un des rares pays stables d’Afrique de l’Ouest.
C’est la première fois depuis 1963 qu’une présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal. Macky Sall avait promis fin décembre de remettre début avril le pouvoir au président élu à l’issue du scrutin et l’a réitéré plusieurs fois. Elu en 2012 pour sept ans et réélu en 2019 pour cinq ans, il a annoncé en juillet 2023 ne pas être candidat à un nouveau mandat.
Cet ajournement est annoncé sur fond de conflit entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, qui a validé en janvier vingt candidatures. Le Conseil constitutionnel a en effet exclu du scrutin des dizaines de prétendants. Parmi eux, deux ténors de l’opposition. Il s’agit notamment du candidat antisystème Ousmane Sonko, en prison depuis juillet 2023, et Karim Wade, ministre et fils de l’ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012).