Les dates du congrès ordinaire du RHDP sont désormais arrêtées : ce sera les 17 et 18 mai à Abidjan. Un moment-clé pour la majorité présidentielle, à quelques mois du scrutin d’octobre. Mais si l’architecture politique est en place pour une investiture d’Alassane Ouattara, le président ivoirien pourrait encore différer sa décision.
C’est désormais officiel : le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) tiendra son grand congrès les 17 et 18 mai prochains, au Palais de la culture de Treichville. En coulisses, les équipes du parti s’activent depuis plusieurs semaines pour faire de ce rendez-vous une démonstration de force, alors que la présidentielle du 25 octobre approche à grands pas. L’événement, très attendu par les cadres du parti, devrait également sceller une clarification sur le leadership pour les cinq années à venir.
Le scénario attendu… mais pas encore verrouillé
Pour l’heure, le RHDP avance à visage découvert : dans toutes les instances, une seule ligne domine – celle du « retour » d’Alassane Ouattara. À mots à peine couverts, plusieurs figures du parti laissent entendre que le chef de l’État sera bel et bien désigné comme leur candidat. Gilbert Koné Kafana, président du directoire, l’a d’ailleurs déclaré sans détour : « Ce congrès va le désigner comme candidat ».
Le parti attend donc son investiture comme une formalité. Mais dans l’entourage présidentiel, on reste plus mesuré. Le mot d’ordre reste le même : garder la main sur le calendrier. Le président Ouattara, qui tient fermement les rênes du tempo politique, pourrait très bien faire l’impasse sur une déclaration formelle au congrès, et repousser son annonce à fin juin – une hypothèse sérieusement envisagée, selon plusieurs sources.
Le suspense est savamment entretenu. En janvier dernier, lors de ses vœux au corps diplomatique, le président déclarait encore n’avoir « pas pris de décision », tout en assurant qu’il était « en pleine santé et désireux de continuer à servir le pays ». Une formule calibrée, qui laisse toutes les portes ouvertes.
Dans les rangs du RHDP : une seule ligne, un seul homme
Depuis plusieurs mois, la machine du parti s’est mise en ordre de bataille autour d’un seul nom : celui d’Alassane Ouattara. Les appels à sa candidature, orchestrés à travers des meetings, déclarations publiques et mobilisations locales, n’ont laissé aucune place à une éventuelle compétition interne.
Le RHDP parle d’une seule voix : « Le président est notre candidat naturel ». Et s’il devait ne pas être candidat ? Des noms circulent – en premier lieu celui du vice-président Tiémoko Meyliet Koné – mais aucun ne fait consensus ni ne semble avoir reçu, à ce stade, de véritable adoubement.
Une mémoire toujours vive : l’épisode Gon Coulibaly
Dans l’entourage présidentiel comme au sein du parti, le traumatisme de 2020 reste une ligne rouge. Alassane Ouattara, alors âgé de 78 ans, avait annoncé se retirer pour laisser la place à une « nouvelle génération ». Il avait jeté son dévolu sur Amadou Gon Coulibaly, Premier ministre et héritier politique soigneusement préparé. La mort brutale de ce dernier, le 8 juillet 2020, avait tout bouleversé. Confronté à l’urgence, le président s’était résolu à briguer un troisième mandat, qu’il avait justifié par un « cas de force majeure ».
Depuis, personne ne conteste plus vraiment sa centralité dans le dispositif. L’appareil du RHDP lui est entièrement aligné, et toute velléité de succession prématurée est perçue comme une erreur stratégique.
En mai : un congrès sous contrôle, mais un silence scruté
Le congrès des 17 et 18 mai sera donc un moment politique clé. La reconduction d’Alassane Ouattara à la tête du parti ne fait aucun doute. Reste la question de la candidature présidentielle. Le président pourrait jouer une nouvelle fois la carte du flou stratégique, en laissant planer l’incertitude pour quelques semaines encore, avant un dévoilement officiel plus tardif – probablement avant la fête de l’indépendance, début août.
Mais une chose est certaine : aucune voix discordante ne devrait émerger du congrès. Le RHDP, tel qu’il est structuré aujourd’hui, n’a qu’un seul centre de gravité. Et ce centre, malgré les années et les équilibres en évolution, reste Alassane Ouattara.