Félix Tshisekedi a été réélu président de la République démocratique du Congo, a annoncé dimanche la Commission électorale nationale (Céni), selon les résultats complets provisoires. Avec 73,34 % des voix, il devance largement ses adversaires Moïse Katumbi (18,08 %) et Martin Fayulu (5,33 %). Depuis plusieurs jours déjà, la victoire de Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019 et candidat à un second mandat de cinq ans, ne faisait aucun doute.
Pour l’opposition, ce scrutin ne serait qu’un « simulacre d’élections ».
« Nous rejetons catégoriquement ce simulacre d’élections », ont lancé dimanche matin dans une déclaration commune neuf candidats de l’opposition. « Nous demandons à notre peuple, dès la proclamation de la fraude électorale, de protester massivement dans la rue », ont-ils ajouté.
Mais à 60 ans, après un premier quinquennat, Félix Tshisekedi s’impose avec une large avance sur ses adversaires. Avant son accession au pouvoir, son parcours politique s’est fait dans l’ombre de son père Étienne Tshisekedi, décédé en 2017, une figure historique de l’opposition depuis l’époque Mobutu. Félix Tshisekedi a passé une grande partie de sa vie en exil à Bruxelles, loin de la RDC, dans l’ombre de son père, surnommé le Sphinx.
Troisième d’une famille de cinq enfants, il a hérité du parti de son père, l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) dont il en prendra la présidence en 2018. En novembre 2011, il est élu député de Mbuji-Mayi dans le Kasaï où la famille avait été contrainte de s’installer en quittant Kinshasa. Il refuse de siéger à l’Assemblée nationale pour dénoncer les fraudes, à l’instar de son père qui estime avoir remporté la présidentielle de 2011 face à Joseph Kabila donné vainqueur.
Cette réélection est un succès que Félix Tshisekedi doit moins à son bilan et à son projet pour ses concitoyens qu’au système politique et électoral qui prévaut dans ce pays. A l’issue du premier mandat, ses mesures phares, la gratuité de l’enseignement primaire et des soins maternels, ont fait l’objet de nombreuses critiques. Surnommé Fatshi Béton, il s’est attelé à la construction de nombreuses infrastructures routières et scolaires ainsi que l’édification d’un centre financier de 290 millions de dollars, inauguré la veille du jour de l’élection.
Pour autant, la République démocratique demeure l’un des pays les plus pauvres au monde. En 2022, la Banque mondiale constatait que 62% des Congolais, soit plus de 60 millions de personnes, vivaient au-dessous du seuil de pauvreté et le pays termine l’année avec une inflation dépassant les 20%.
En plus, à l’Est du pays, alors que le président avait promis de ramener la paix quelques jours après sa prestation de serment en 2019, les conflits se sont accentués avec près de sept millions de déplacés internes selon les données des Nations unies.