De « nombreuses parties » d’une ville-clef dans l’Est de la République démocratique du Congo prise le weekend dernier par la rébellion du M23 étaient « entre les mains des génocidaires des FDLR », a déclaré Kigali mardi.
Les FDLR, groupe armé formé par d’anciens hauts responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 depuis réfugiés en RDC, et qui combat le M23 tout comme une nébuleuse de milices pro-Kinshasa dans l’Est, constitue aux yeux de Kigali une menace permanente.
Le M23, groupe armé soutenu par le Rwanda qui ne cesse de gagner du terrain, a pris samedi le contrôle de la ville-clef de Masisi, à environ 80 km au nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, à la suite de combats qui ont selon l’ONU déplacé plus de 100.000 personnes.
L’offensive en cours a été condamnée par la communauté internationale, qui appelle la rébellion à respecter un cessez-le-feu conclu l’été dernier. Le chef de la diplomatie rwandaise Olivier Nduhungirehe a en réaction déploré le langage « biaisé et simpliste » des déclarations internationales, qui n’ont selon lui pas « condamné la violation permanente de l’intégrité des terres congolaises appartenant aux communautés congolaises, y compris les Tutsi congolais. »
Depuis novembre 2021, la rébellion du M23 s’est emparée de vastes pans de territoire dans l’Est de la RDC, riche en ressources naturelles et déchiré depuis trente ans par des conflits.
Fin décembre, elle a continué de gagner du terrain dans la partie nord du Nord-Kivu, parvenant à une cinquantaine de kilomètres de Lubero, chef-lieu du territoire, et à une centaine de kilomètres de la ville de Butembo, important carrefour commercial de la région. Le même mois, les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame devaient se rencontrer pour un sommet organisé à Luanda. Un accord « pour le rétablissement de la paix et de la stabilité dans l’Est de la RDC » devait être mis sur la table, mais Paul Kagame ne s’y est jamais rendu, estimant selon Kigali que le sommet n’était « plus pertinent » après l’échec de négociations ministérielles la veille.