Le groupe jihadiste Boko Haram a perpétré une nouvelle attaque contre une ville du nord-est du Nigeria, dans l’État de Borno, provoquant la fuite de milliers d’habitants vers le Cameroun voisin, ont indiqué vendredi des chefs locaux et des témoins.
Selon Umar Ari, dirigeant une force d’auto-défense engagée dans la lutte contre les jihadistes, des dizaines de membres de Boko Haram ont pris d’assaut, sans en prendre le contrôle, la ville de Kirawa, situé en périphérie de la ville de Gwoza, à la frontière avec le Cameroun, dans la nuit de mercredi à jeudi, incendiant des habitations et poussant près de 5.000 habitants à fuir. « L’attaque a contraint les 5.000 habitants à quitter la ville, dont environ 3.000 ont traversé la rivière pour rejoindre le Cameroun, y compris notre chef traditionnel », a déclaré de son côté Yakubu Ali, chef communautaire et président de l’Association pour le développement de Kirawa.
Les 2.000 habitants restés au Nigeria se sont dirigés vers les localités voisines de Pulka, Gwoza et Maiduguri, la capitale régionale située à 130 kilomètres, a-t-il précisé. Kirawa a été « complètement désertée » après l’incendie des maisons par les jihadistes, a témoigné Hassan Butari, un habitant arrivé jeudi à Maiduguri. Aucun mort ni blessé n’a été rapporté pour le moment.
La zone dans laquelle se trouve la ville de Kirawa est régulièrement ciblée par Boko Haram depuis 2014, année où le groupe jihadiste s’était emparé de la ville de Gwoza, qu’il avait proclamée califat après avoir pris le contrôle d’une grande partie de l’État de Borno.
Gwoza a été reprise par l’armée nigériane en 2015 avec l’appui des forces tchadiennes, et des bases militaires ont été créées dans la ville et ses environs, mais Boko Haram et sa faction rivale, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), continuent de terroriser la population en menant des raids depuis les montagnes, ainsi qu’en enlevant des femmes et des enfants.
L’ISWAP a pris le contrôle d’au moins 17 bases militaires nigérianes au cours des six premiers mois de 2025, à l’aide de drones, d’attaques nocturnes et de combattants étrangers, selon des chercheurs de l’ONG Good Governance Africa. Depuis le début de l’insurrection jihadiste en 2009 dans le nord du Nigeria, le conflit a fait plus de 40.000 morts et deux millions de déplacés dans le pays, et déclenché une grave crise humanitaire, selon l’ONU. Les violences se sont depuis étendues au Niger, au Tchad et au Cameroun voisins.