Les jihadistes de Boko Haram ont tué jeudi au moins 17 pêcheurs et agriculteurs dans l’État de Borno, dans le nord-est du Nigeria, lors des dernières violences visant des civils, ont déclaré vendredi à l’AFP des sources proches des milices anti-jihadistes.
Boko Haram et son rival le groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) ont récemment intensifié leurs attaques dans le nord-est du Nigeria et notamment dans l’Etat de Borno, épicentre du conflit jihadiste qui a démarré en 2009 et a fait au moins 2 millions de déplacés et 40.000 morts.
Les combattants de Boko Haram ont capturé plusieurs pêcheurs et agriculteurs dans le village de Malam Karanti, près de la ville de pêcheurs de Baga, sur les rives du lac Tchad, avant de les massacrer, ont déclaré deux miliciens qui aident les troupes nigérianes à combattre les groupes jihadistes dans la région.
« Jusqu’à présent, 17 corps ont été retrouvés et les recherches se poursuivent », a déclaré Babakura Kolo, un chef milicien. Le bilan pourrait s’alourdir, selon les sources proches des milices anti-jihadistes. « Boko Haram les a tués après les avoir accusés de soutenir leurs rivaux de l’ISWAP, contre lesquels ils combattent », a déclaré Kolo.
Les assaillants ont rassemblé leurs victimes, qui pêchaient et s’occupaient de leurs cultures le long des rives du lac d’eau douce vers 14h00 GMT, et les ont massacrées, a déclaré Umar Ari, un autre milicien qui a fait le même bilan.
Boko Haram et l’ISWAP sont engagés dans une lutte intestine depuis leur scission en 2016 en raison de divergences idéologiques. L’ISWAP s’est emparé du bastion de Boko Haram dans la forêt de Sambisa en 2021 à la suite d’affrontements meurtriers au cours desquels Abubakar Shekau, le chef de longue date de Boko Haram, a été tué.
Les combattants de Boko Haram ont fui vers les zones situées autour des montagnes Mandara, à la frontière avec le Cameroun, et vers des îlots du lac Tchad, d’où ils ont lancé des contre-attaques et repoussé l’ISWAP hors des îlots du lac sous son contrôle. « Ils pensent que les pêcheurs et les agriculteurs autour du lac soutiennent l’ISWAP, qui est plus indulgente à leur égard, même s’ils tuent aussi des pêcheurs », a déclaré Kolo. Boko Haram et l’ISWAP ont tous deux multiplié les attaques contre les communautés locales, les accusant d’espionnage et de transmission d’informations à l’armée et aux milices anti-jihadistes locales.
En janvier, l’ISWAP a tué au moins 40 agriculteurs dans la communauté de Dumba, sur les rives du lac Tchad, pour avoir pénétré sans autorisation sur son territoire afin de cultiver, selon les autorités de l’État de Borno. Un rapport des services de renseignement suggère toutefois que le bilan pourrait être supérieur à 100 morts.