L’Union européenne va accélérer l’octroi d’une partie de son aide à l’Égypte en utilisant une procédure de financement d’urgence. Cette procédure contourne le contrôle parlementaire et d’autres garanties.
Le milliard d’euros prévu à cet effet fait partie d’une enveloppe de 7,4 milliards d’euros d’aide financière, annoncée par l’UE.
Depuis des années, l’Égypte dépend d’aides financières, souvent en provenance des riches États arabes du Golfe. De plus, la crainte que des conflits régionaux ne poussent davantage de migrants de la région vers l’Europe, grandit. La migration est donc un facteur clé de l’accord entre l’UE et l’Égypte. Comme les années précédentes, il s’agira d’un enjeu électoral dans l’UE. Les partis traditionnels souhaitent ainsi limiter les arrivées afin de priver l’extrême droite de carburant électoral.
Le programme de l’UE comprend des subventions et des prêts avantageux sur trois ans. La Banque centrale d’Egypte recevra directement 5 milliards d’euros.
Il est rare que l’Union européenne contourne les mesures de protection. Mais les élections au Parlement européen doivent avoir lieu du 6 au 9 juin. Ce calendrier ralentirait la distribution des fonds, si les contrôles étaient mis en œuvre.
Un financement d’urgence de l’UE
La procédure de financement d’urgence contourne également l’exigence d’une étude d’impact sur les effets de l’aide. En règle générale, les AMF sont destinées aux gouvernements confrontés à de graves difficultés économiques et visent à les encourager à mettre en place des réformes. Pourtant, la Commission reconnaît que l’Égypte est « léthargique » en matière de révision des politiques et qu’elle a déjà un « arriéré de réformes intérieures » à traiter.
L’Egypte a également conclu un accord plus substantiel avec la Tunisie en juillet dernier. Le document élargit un modèle que l’UE a développé avec la Turquie en 2015 pour empêcher les migrants d’atteindre l’Europe.
Amnesty International demande à l’UE de placer les violations des droits de l’homme au centre de ses relations avec l’Égypte. En réponse, l’organe indique que « les dirigeants politiques égyptiens ont pris plusieurs mesures mettant davantage l’accent sur l’importance du respect des droits de l’homme. ».
Les caisses du Caire seront également renflouées par 35 milliards de dollars provenant d’un projet massif impliquant un consortium émirati pour développer conjointement la ville méditerranéenne de Ras el-Hekma.