La Mission d’appui de l’ONU en Libye (Manul) s’est dite mardi « alarmée » par des images présentées comme étant celles d’un député enlevé il y a un an, le montrant dévêtu et une chaîne au cou, en appelant à l’ouverture immédiate d’une enquête « indépendante ».
La Manul a précisé dans un communiqué avoir demandé à des experts de l’ONU de vérifier l’authenticité de cette vidéo du député de Benghazi Ibrahim Al-Dirsi. Son enlèvement avait été annoncé le 19 mai 2024 par le Parlement basé dans l’Est et contrôlé par le maréchal Khalifa Haftar, autorité rivale du gouvernement d’unité nationale (GNU), basé à Tripoli.
La mission s’est dite « alarmée » par les images circulant sur les médias et les réseaux sociaux et qui montrent l’élu « en détention, enchaîné et avec des signes visibles de torture ».
Elle a appelé « de nouveau les autorités libyennes à ouvrir immédiatement une enquête totalement indépendante » sur la disparition du député et indiqué qu’il avait été enlevé après avoir assisté à une parade militaire à Benghazi des forces du maréchal Haftar.
La Manul s’est dite disposée à appuyer une enquête indépendante sur la disparition et les allégations de torture, en condamnant les abus généralisés et systématiques dans les centres de détention.
Lundi, la télévision privée Libya al-Ahrar a diffusé trois séquences où l’on voit l’élu, une chaîne autour du cou fermée par un cadenas, vêtu d’un short, assis à même le sol dans une pièce sombre. Selon Al-Ahrar, les vidéos que l’AFP n’a pas pu authentifier auraient été tournées six jours après sa disparition. Un an plus tard, son sort reste inconnu.
Lundi, le gouvernement de Tripoli a « condamné avec la plus grande fermeté » les images diffusées par la chaîne Al-Ahrar, montrant le député « dans des conditions de détention dégradantes, choquantes et inhumaines ». Dans l’Est, la chaîne pro-Haftar Al-Masar a cité des parlementaires assurant que les vidéos auraient été « fabriquées (…) grâce à l’intelligence artificielle ». Quelques heures plus tard, le président du Parlement a demandé au ministère de l’Intérieur dans l’Est et au parquet d' »enquêter sur l’authenticité des vidéos », selon un porte-parole.