Le Niger débaptise des rues et monuments aux noms français

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Le régime militaire au pouvoir au Niger a débaptisé mardi plusieurs endroits historiques de la capitale Niamey portant jusqu’ici des noms évoquant la France, ancienne puissance coloniale à laquelle ils ont tourné le dos.

Au pas de charge, sur fond de musique militaire, plusieurs cadres de la junte ont arpenté les artères de la ville pour inaugurer les nouveaux noms. « La plupart de nos avenues, boulevards, rues (…) portent des noms qui rappellent tout simplement les souffrances et les brimades subies par notre peuple par l’épreuve de la colonisation », a dénoncé le colonel-major Abdramane Amadou, le ministre de la Jeunesse et porte parole du régime. « Cette avenue qui portait le nom du général Charles de Gaulle est désormais baptisée Avenue Djibo Bakary », a-t-il lancé, lors d’une cérémonie. Djibo Bakary (1922-1998), a été un partisan de l’indépendance obtenue en 1960. Quelques centaines de mètres plus loin, le monument dédié aux morts des deux guerres mondiales devient « Bubandey Batama » qui signifie « A nos morts » en langue djerma.

Le régime nigérien franchit ainsi une nouvelle étape dans la rupture avec la France. Les militaires français ont été chassés, l’ambassadeur expulsé et le centre culturel franco-nigérien a cessé de fonctionner en tant qu’établissement binational et a été renommé « Moustapha Alassane », du nom d’un cinéaste nigérien. Le régime qui fait de sa souveraineté un pilier de sa politique accuse fréquemment Paris de vouloir le déstabiliser.

Mardi à Niamey, un monument a même été totalement refait. Il s’agit du portrait du commandant et explorateur français Parfait-Louis Monteil, gravé depuis des décennies dans un monument en pierre, est remplacé par une plaque à l’effigie de Thomas Sankara. Enfin, la place de la Francophonie a été renommée « place de l’Alliance des Etats du Sahel », AES, une confédération créée en 2023 avec le Mali et le Burkina Faso, deux voisins également dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par des putschs et qui ont tourné le dos à la France.

Dorcas GANMAGBA
Dorcas GANMAGBA
Journaliste, Rédaction en Chef

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