Le Kenya a annoncé jeudi avoir déployé un nouveau contingent de 144 policiers pour une mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti, au lendemain d’un volte-face américain sur le gel de son financement.
Depuis l’arrivée en juin 2024 de la Mission multinationale d’appui à la sécurité, MMAS, dépendante de l’ONU, quelque 800 policiers de six pays avaient jusqu’ici été déployés progressivement, sur les 2.500 espérés. Les attaques des gangs, qui contrôlent déjà selon l’ONU 85% de la capitale, ne semblent pas avoir faibli.
Les Etats-Unis avaient demandé plus tôt cette semaine aux Nations unies le gel immédiat de leur contribution au fonds destiné à financer cette mission multinationale policière, avant de se raviser mercredi, et de donner leur feu vert à 40,7 millions de dollars supplémentaires. Avant l’arrivée de 144 policiers jeudi, annoncée à l’AFP par le ministre de l’intérieur Kipchumba Murkomen, le Kenya avait envoyé 400 policiers en décembre, 217 le mois dernier.
Des déploiements qui avaient suscité de vives critiques dans le pays d’Afrique de l’Est. Un petit parti d’opposition « Alliance troisième voie » avait notamment déposé des recours en justice l’année dernière, affirmant que la sécurité n’était déjà pas assurée dans le pays, notamment le Nord.
L’ONG Human Rights Watch avait exprimé des inquiétudes concernant la mission et des doutes quant à son financement. Les organisations de défense des droits humains ont accusé à plusieurs reprises la police kényane d’usage excessif de la force et d’exécutions extrajudiciaires. Au moins 5.601 personnes ont été tuées par la violence des gangs en Haïti l’an dernier, soit mille de plus qu’en 2023 selon l’ONU.
Plus d’un million de personnes sont déplacées, soit environ trois fois plus qu’il y a un an, a indiqué cette semaine l’Organisation internationale pour les migrations, OIM. Le Conseil de sécurité de l’ONU avait prolongé en septembre l’année dernière la mission multinationale policière, sans évoquer sa possible transformation en force des Nations unies, comme demandé par les nouvelles autorités du pays.