Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, AIEA, Rafael Mariano Grossi, est en visite au Niger, pays producteur d’uranium et gouverné par un régime militaire avec lequel il a souhaité jeudi « approfondir la coopération ».
« Nous avons exploré les moyens d’approfondir la coopération avec l’AIEA. La science nucléaire offre des solutions concrètes, et le Niger peut compter sur notre soutien », a déclaré Mariano Grossi dans une publication sur X. Il s’est notamment entretenu jeudi avec Ali Mahaman Lamine Zeine, le Premier ministre du régime militaire en place depuis un coup d’Etat en juillet 2023. La veille, il avait visité la Somaïr, grande mine d’uranium du nord du pays, au centre d’un bras de fer entre la junte de Niamey et le groupe français Orano.
« Le Niger est l’un des plus grands producteurs d’uranium au monde. Avec les récents bouleversements politiques, il était essentiel de garantir la continuité de la présence de l’AIEA » , a déclaré Grossi. Il a réaffirmé l’engagement « de l’AIEA en faveur de la sûreté, de la sécurité et de la non-prolifération », dans « cette activité-clé pour le développement économique » de ce producteur d’uranium qui fournit environ 5% de la production mondiale. Le régime militaire nigérien revendique une politique ouvertement souverainiste, en particulier sur la question de son uranium.
Il est en conflit ouvert avec Orano, majoritaire à plus de 60% dans trois filiales, Somaïr, Cominak (fermée depuis 2021) et Imouraren. Sur ce dernier site, dont les réserves sont estimées à 200.000 tonnes, Niamey a retiré à Orano son permis d’exploitation. Et le groupe français a également acté la perte de contrôle de la Somaïr, dénonçant « l’ingérence des autorités » et leur « refus systématique de dialogue.
Le groupe a engagé deux arbitrages internationaux contre l’Etat du Niger. D’après Orano, une quantité d’environ 1.300 tonnes de concentré d’uranium qu’elle n’a pas pu faire sortir du pays est toujours bloquée sur le site de la Somaïr pour une valeur marchande de 250 millions d’euros. Ce bras de fer illustre les tensions entre le Niger et l’ex-puissance coloniale française et la volonté de Niamey de se tourner vers de nouveaux partenaires, comme la Russie ou l’Iran.
En 2024, le Premier ministre Zeine avait toutefois affirmé que « rien » n’avait été signé avec l’Iran concernant l’uranium. Jeudi, M’Grossi a également visité à Niamey un Centre de radiothérapie contre le cancer construit avec l’appui financier et technique de l’AIEA.