Les progrès en matière de gouvernance en Afrique se sont arrêtés sous l’effet de la dégradation sécuritaire et du paysage démocratique dans de nombreux pays du continent, selon un rapport de la Fondation Mo Ibrahim publié mercredi.
« L’Afrique a fait de grands progrès au cours des premières années de ce siècle mais sur les dix dernières années, nous avons constaté très peu de progrès et sur les cinq dernières années, la situation a commencé à stagner et même à se dégrader dans certains cas », a souligné Mo Ibrahim, le président de la fondation.
Les Seychelles détrônent l’île Maurice pour la première place du classement, grâce à des améliorations notables dans plusieurs domaines, notamment les infrastructures, l’égalité hommes-femmes, la santé et l’éducation. A l’inverse, certains pays comme le Soudan, le Soudan du Sud et l’Ethiopie ont été confrontés à des conflits dévastateurs au cours des dix dernières années tandis qu’une série de coups d’Etat militaires en Afrique de l’Ouest et centrale a souligné la fragilité du processus politique. Les confinements sanitaires dus à la pandémie de Covid-19 et la tendance mondiale vers une « politique de l’homme fort » pourraient avoir enhardi les autocrates, estime Mo Ibrahim. Mais sa plus grande préoccupation concerne la « camisole de force financière » dans laquelle les pays africains sont coincés en raison du lourd fardeau de la dette et du prix élevé qu’ils doivent payer pour accéder aux liquidités des prêteurs mondiaux.
Il souligne la nécessité de réformes des institutions mondiales de prêt ainsi que d’une meilleure formation technique pour la vaste population de jeunes africains. Le rapport relève que « de façon préoccupante, malgré les progrès observés dans plusieurs domaines essentiels, les perceptions des citoyens témoignent d’une insatisfaction croissante ».
Créée en 2006, cette fondation produit des données et des analyses sur les enjeux du continent africain. Son rapport, publié tous les deux ans depuis 2007, est considéré comme l’aperçu le plus complet, rassemblant des données sur 322 variables, dont les services publics, la justice, la corruption et la sécurité. Son dernier rapport relève des progrès de gouvernance dans 33 pays de 2014 à 2023. Mais pour les 21 autres restants, « la situation est pire » aujourd’hui qu’en 2014.