Le Bénin a officiellement récupéré mardi un « kataklè », tabouret tripode qui constituait la 27e oeuvre de son trésor royal pillé par les troupes coloniales françaises à la fin du XIXe siècle et qui se trouvait dans un musée en Finlande.
Cette restitution, qui s’est faite dans les locaux de la présidence à Cotonou, vient compléter les 26 oeuvres du trésor d’Abomey, rendues en novembre 2021 par la France au Bénin.
« Chacune des pièces, arrachée à son contexte d’origine, porte une voix, une fonction, une histoire. Elles témoignent de la profondeur des institutions politiques traditionnelles, de l’ingéniosité des savoir-faire artistiques et de la grandeur d’une civilisation ancrée dans la spiritualité, l’esthétique et la pluralité », a déclaré le ministre béninois du Tourisme et de la Culture, Jean-Michel Abimbola.
Ce petit siège royal avait appartenu au roi Béhanzin avant d’être pillé par le général Afred Dodds, lors de la mise à sac de son palais en 1892.
Remis en 1937 au Musée de l’Homme à Paris, il était arrivé au musée national de Finlande en 1939 lors d’un échange de collections avec la France.
« Grâce à un travail patient de traçabilité adossé aux mécanismes de coopération internationale entre institutions muséales, le kataklè a été localisé au Musée national de Finlande », a indiqué M. Abimbola.
L’importance de cette œuvre réside « dans la manière dont elle vient réintégrer notre récit national, enrichir notre mémoire vivante et raviver notre héritage commun », a-t-il poursuivi, assurant que cette restitution « participe à une dynamique de réappropriation, de sauvegarde et de révélation du patrimoine culturel ».
Mari-Leena Talvitie, son homologue finlandaise, présente pour cette restitution, s’est réjouie de « l’excellente coopération entre les deux pays » et s’est dite « particulièrement heureuse que ce tabouret, ait été conservé dans de très bonnes conditions ».
Au sein des familles royales, la restitution de ce trésor royal ne laisse pas non plus indifférent.Selon Dah Metokan Ghézo, 59 ans, prince et dignitaire d’Abomey, « c’est un élément les plus essentiels des rituels cérémoniels d’Abomey » qui revient à sa place.
Ce siège royal à trois pieds était utilisé lors des cérémonies officielles pour symboliser la stabilité, le pouvoir et l’unité. Il représente le premier siège utilisé pour le sacre du Roi.
En 2017, Emmanuel Macron s’était engagé depuis Ouagadougou à restituer des biens culturels datant de la colonisation aux pays africains. Selon un rapport de 2018, quelque 90.000 objets d’Afrique sub-saharienne sont conservés dans les musées publics français, dont 79.000 au Quai Branly. A l’heure actuelle, dix pays ont adressé des demandes à la France, mais les restitutions se font au compte-gouttes.