La Cour suprême de Gambie a commencé cette semaine l’examen d’une plainte visant à revenir sur l’interdiction de l’excision actuellement en vigueur dans le pays, a-t-on appris jeudi.
L’interdiction de l’excision est en vigueur depuis 2015 en Gambie, qui fait partie des dix pays où le taux de mutilations génitales féminines (MGF) est le plus élevé: 73% des femmes et des filles de 15 à 49 ans ont subi cette pratique, selon les chiffres du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) pour 2024.
En juillet 2024, le Parlement gambien avait rejeté une proposition de loi présentée par le député Almameh Gibba, qui entendait dépénaliser la pratique. Cette proposition de loi avait profondément divisé ce pays à majorité musulmane. Le texte affirmait que l’excision est une pratique culturelle et religieuse profondément enracinée.
Mi-avril, Gibba et deux femmes activistes ainsi que plusieurs associations religieuses ont de nouveau déposé une plainte devant la Cour suprême pour l’annulation de l’interdiction, arguant toujours du respect de la tradition. Lors de l’audience de ce mercredi, avec l’audition d’un premier témoin, l’avocat de l’Etat, Adama Okete, a estimé que les MGF ne sont pas compatibles avec les droits humains modernes, ceci d’autant plus en l’absence de « consentement des victimes ».
L’imam Abdoulie Fatty, un des plaignants, a de son côté plaidé pour la levée de l’interdiction, arguant que l’excision était différente des mutilations génitales féminines et qu’elle était approuvée par l’islam. L’audience reprendra lundi.
Les MGF incluent l’ablation partielle ou totale du clitoris (excision), ou plus largement des organes génitaux externes, ou tout autre blessure des organes génitaux.
Les victimes sont pour la plupart des fillettes ou pré-adolescentes. Outre la douleur le traumatisme et les conséquences sur la sexualité future des femmes, elles peuvent avoir d’autres graves conséquences: infections, saignements, et plus tard stérilité et complications lors de l’accouchement ou après.


