A Abuja, le 10 août, les présidents ouest-africains ont adopté à la quasi-unanimité l’option militaire, malgré quelques réticences. Commandement, soutien français, timing de déploiement… Ils ont également relevé certains points de cette éventuelle opération. Dans les coulisses.
Lorsqu’ils se sont rencontrés à Abuja le 10 août, les chefs d’État de la CEDEAO n’ont pas hésité. Au lieu de cela, malgré les réticences de certains pays, notamment le Cap-Vert, la Sierra Leone et le Libéria, la décision de maintenir l’intervention militaire au Niger a finalement et rapidement été prise en dernier recours.
Bola Tinubu du Nigéria, Patrice Talon du Bénin, Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire, Nana Akufo-Addo du Ghana, Umaro Sissoco Embaló de Bissau-Guinée, Macky Sall du Sénégal, Julius Maada Bio de Sierra Leone et Faure Essozimna du Togo Gnassingbe.
48 heures de retard
Macky Saar avait initialement prévu d’envoyer le Premier ministre Amadou Ba en Arabie saoudite, mais il a fini par écourter son séjour sur l’insistance de ses collègues. Adama Barrow de Gambie, George Weah du Libéria et José Maria Neves du Cap-Vert ont tous envoyé leurs ministres des affaires étrangères. Le chef des affaires étrangères du Niger, Hassoumi Massaoudou, représentait Mohamed Bazoum.
Le général Mohammad Abu Talqa, président de l’influente Autorité de consolidation de la paix, et Jibo Takubakoye, chef de cabinet adjoint du président déchu, étaient également présents. D’autres étaient présents en tant qu’observateurs, comme le chef de l’État mauritanien Mohamed Ould Sheikh Ghazowani, président du Groupe des cinq pour le Sahel, et le vice-président de l’Union africaine (UA), le président burundais Évariste Ndayishimiye, qui dirige également le Conseil de paix de l’Union africaine. et le Conseil de sécurité.
Selon nos informations, Évariste Ndayishimiye a prononcé un discours publiquement opposé à l’option militaire, qui a ensuite été contredit par Alassane Ouattara. Finalement la décision fut prise, la discussion tourna essentiellement autour de la planification de cette intervention. Premièrement, tous les pays doivent envoyer des contingents, à commencer par le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Bénin et la Guinée-Bissau. Une fois que l’unité est pleinement opérationnelle, elle peut être activée dans les 48 heures.
Commandement partagé
La France apportera également un soutien indispensable, qui se traduit par le soutien aérien et le partage de renseignement. Les États membres souhaitent que la libération de Mohammad Bazum, toujours détenu par le général Abdullahman Tiani, soit « chirurgicale ». Les chefs d’Etat ont également évoqué la délicate question du commandement de la force, que Bora Tiinub ne voulait pas être à 100% nigérian pour que son pays ne soit pas perçu comme un envahisseur. Le commandement pourrait donc être partagé avec le Sénégal.
Seul Faure Essozimna Gnassingbé n’est pas intervenu dans cette rencontre. La médiation initiée par le Togo — le président ne s’est pas rendu lui-même à Niamey, mais il a mis son avion à la disposition de l’émissaire — a finalement échoué.
Fiacre VIDJINGNINOU