Des policiers assurent la garde et se rassurent qu’aucun député n’ait accès à l’institution depuis la décision prise de dissoudre le Parlement le 4 décembre dernier.
Les élus Guinéens jugent illégale la décision de dissolution du Parlement prise après une tentative de renversement de l’Exécutif. Depuis lors, aucun d’eux n’a été autorisé à rejoindre l’enceinte de l’institution parlementaire. Les députés de la coalition Pai-Terra Ranka, majoritaire au sein de l’institution ont tenté en vain de marcher sur cette décision. Ils s’y étaient donné rendez-vous pour poursuivre leurs activités, en affront au décret de dissolution qu’ils estiment illégal. Mais ils ne sont pas allés plus loin que leur intention. Ils ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène comme certains de leurs militants qui étaient venus en renfort. « Même si l’Assemblée était réellement dissoute, certains organes continuent de fonctionner et les agents doivent pouvoir aller travailler », se désole le député Agnelo Regalla, président du parti Union pour le Changement parlementaire. Comme lui, l’ensemble des élus remettent en cause cette décision contre laquelle ils veulent se battre. La décision prise par Embalo de dissoudre l’Assemblée nationale est « un coup d’Etat constitutionnel que nous n’accepterons pas », se révolte ensuite Agnelo Regalla. Celui-ci fonde en partie son argumentaire sur le fait que l’article 94 de la Constitution bissau-guinéenne ne permet pas la dissolution du parlement dans les douze premiers mois qui suivent les élections législatives. Il rajoute ensuite l’article 8 de la même Constitution qui précise que toute décision du président qui n’est pas conforme à la loi fondamentale est nulle et de nul effet.
Pour rappel, la décision de dissoudre le Parlement a été prise par le chef de l’Etat guinéen après les évènements des 30 novembre et 1er décembre 2023 à Bissau. Une situation qui porte encore le sceau d’une certaine confusion, mais que le président au pouvoir a qualité de « tentative de coup d’Etat ». Faut-il le rappeler, « des militaires de la Garde nationale, étaient allés libérer de force, le ministre des finances, Souleiman Seidi, et le secrétaire d’état au trésor, Antonio Monteiro ». Les deux hommes qui étaient en garde-à-vue dans les locaux de la police sont poursuivis pour le retrait supposé irrégulier de 10 millions de dollars des caisses de l’Etat. Le parlement dissout a été mis en place au mois de juin dernier. Depuis sa prise de fonction en 2020, Umaru Cissoco Embalo dissout le parlement pour la deuxième. Une première fois, il l’avait fait en mai 2022 à la suite de tensions entre lui et les députés.
Jonadeleine TADAGBE