L’ancien Premier ministre ivoirien pourrait atterrir dans les jours à venir en Côte d’ivoire. Condamné à la prison à perpétuité en Côte d’Ivoire pour « atteinte à la sûreté de l’État », Guillaume Soro veut retrouver sa terre. Il a déclaré dimanche 12 novembre au soir qu’il mettrait fin à son exil, entamé en 2019.
La verve des années estudiantines n’était plus au rendez-vous. Le Premier ministre à l’embonpoint qui portait la voix de la Côte d’ivoire n’était pas non plus au rendez-vous. C’est un Guillaume Soro physiquement diminué, amaigri et le regard quelque peu perdu qui s’est aperçu sur la vidéo diffusée sur YouTube au soir du dimanche 12 novembre. Dans la brève intervention qui s’en suivra, l’ancien Premier ministre ivoirien assure vouloir mettre « fin » à son exil. « J’annonce ici et maintenant que je mets fin à mon exil car il m’est pénible de vivre loin de ma terre ancestrale et natale d’Afrique. », déclare-t-il. « Je n’irai pas plus loin dans mon exil, je refuse d’être fugitif. Je ne suis coupable d’aucun forfait », soutient l’ancien chef rebelle qui veut surtout « contribuer à la réconciliation des fils et des filles » de la Côte d’Ivoire.
Guillaume Soro n’a pas précisé de date pour un éventuel retour en Côte d’Ivoire. Il vit en exil depuis 2019. En avril 2020, la justice ivoirienne l’avait condamné à 20 ans de prison pour recel de détournement de deniers publics. Le candidat à la présidentielle ivoirienne avait donc vu sa candidature invalidée à la présidentielle de 2020, remportée par Alassane Ouattara. En juin 2021, il a été de nouveau condamné à la prison à perpétuité pour « atteinte à la sûreté de l’État ». On lui reprochait d’avoir fomenté une insurrection civile et militaire visant le régime d’Alassane Ouattara. Son appel avait été jugé irrecevable en Côte d’ivoire tandis que la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples avait ordonné de suspendre le mandat d’arrêt contre lui. Guillaume Soro a détaillé avoir été successivement en France, en Belgique, à Dubaï et « jusqu’aux confins du continent asiatique », ces dernières années.
A 51 ans, l’ancien premier chef du gouvernement d’Alassane Ouattara et après président de l’Assemblée nationale en 2012 avait toujours entretenu de bons rapports avec Alassane Ouattara pour qui il était un fils. C’est d’ailleurs lui qui va l’aider à se défaire de Gbagbo et compagnie avec sa rébellion qui contrôlait la moitié Nord de la Côte d’Ivoire dans les années 2000. Guillaume Soro avait aidé surtout porté militairement un coup de main à Alassane Ouattara pour accéder au pouvoir lors de la crise post-électorale de 2010-2011. Ces derniers jours, son mouvement politique, Générations et peuples solidaires (GPS), dissous en Côte d’Ivoire en juin 2021 avait alerté plusieurs fois sur des tentatives d’enlèvement de Soro.
Jonadeleine TADAGBE