Gabon : Oligui Nguema se vide, confesse et dit tout

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Il n’est pas courant de voir un putschiste s’ouvrir après son coup pour en donner des détails et des dessous. Mais Brice Oligui Nguema a parlé. Le nouvel homme fort du Gabon s’est ouvert sur des détails plutôt inédits de son action et de ses ambitions actuelles et futures.

Le tombeur d’Ali Bongo ne se reconnait dans un coup d’état. Le renversement du pouvoir vacillant de l’ex-président dont il assurait pourtant la plus proche sécurité pense être en mission de salubrité publique. « Ce que vous appelez chez vous coup d’État, ici, au Gabon, nous le nommons une libération », répond-t-il ironiquement sur la question. L’enthousiasme des populations gabonaises en est la preuve, ainsi que l’adhésion de toutes les forces vives, illustre-t-il. Le général désormais installé à la tête d’une transition prend ses marques pour devenir le maître incontesté du Gabon. Sur les facteurs qui l’ont amené à se décider à cette action militaire, il avance deux grandes raisons. L’organisation chaotique des élections générales et ensuite l’annonce des résultats tronqués desdites élections. Deux éléments déterminants qui, réunis allaient conduire le pays vers le chaos et avec indiscutablement des pertes en vies humaines et de nombreux dégâts matériels sans doute.

« Nous avons été poussés uniquement par la préservation de la paix, de la cohésion sociale et par la volonté du peuple gabonais de choisir librement ses dirigeants ». L’illustration, c’est que plusieurs membres de l’équipe sortante ont spontanément adhéré à l’acte patriotique posé par l’ensemble des forces de sécurité et de défense. Même sur le scrutin électoral, le général Oligui a sa lecture. Faire un recompte des voix n’aurait rien garanti. « Dès l’instant où le processus électoral était pipé, les résultats issus de ce processus ne garantissaient aucune légitimité à un quelconque candidat », avance-t-il.

Si, lors d’une session de baccalauréat, l’office chargé de superviser le bon déroulement des épreuves constate des fraudes ou des fuites, et annule ledit examen, il ne revient pas à un candidat de revendiquer une note quelconque, fût-elle la meilleure. C’est ce principe qui a guidé les militaires du Comité pour la transition et la restauration des institutions lorsqu’ils ont annulé ces élections générales, argumente-t-il. Tout tombeur du fils qu’il est, le général Nguema reste admiratif du père Bonga. Son maitre absolu qu’il servit sans répit ni réserves, avant de passer sous sa coupole du fils après sa traversée de désert entre plusieurs capitales occupant différentes fonctions militaires.

« Modestement, pour avoir travaillé aux côtés de l’un et de l’autre, je dirais qu’Omar Bongo Ondimba avait comme baromètre précis l’humain. Autrement dit, il avait une forte considération pour chaque Gabonais. Il n’était pas surprenant de le voir échanger un jour avec un simple agriculteur ou une ménagère, puis le lendemain de le voir en compagnie d’un professeur d’université ou d’un général », illustre le nouvel homme fort du pays. C’était un travailleur, un homme d’écoute et de dialogue. Il détectait les talents et les formait, témoigne-t-il dans son entretien. Ce qu’il retient aussi de lui, c’est sa forte propension à déléguer et à créer autour de lui un cercle d’individus qui pensaient avoir raison sur tout mais n’ont rien fait de positif.

Jonadeleine TADAGBE 

Dorcas GANMAGBA
Dorcas GANMAGBA
Journaliste, Rédaction en Chef

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