Fin de la transition au Tchad : grand chelem pour le maréchal Déby

Publié le:

Avec la victoire écrasante de son parti aux élections sénatoriales, le président Mahamat Idriss Déby Itno, propulsé au pouvoir par une junte après la mort de son père en avril 2021, puis légitimé par les urnes au printemps dernier, verrouille la gouvernance du Tchad au terme d’un grand chelem électoral.

Après trois ans à la tête de la transition, celui qui va fêter ses 41 ans en avril prochain a obtenu en mai 2024 un mandat présidentiel de cinq ans lors d’un scrutin boycotté par l’opposition et qualifié par des ONG internationales de « non libre, ni crédible ».

Le parti fondé par son père, le Mouvement patriotique du Salut, MPS, contrôle 124 des 188 sièges de députés et les présidences des 23 régions du pays depuis les élections de décembre, mais aussi le Sénat. Le MPS a en effet remporté par les urnes 43 des 46 sièges de sénateurs et prédomine sur la liste des 23 nominations directes relevant du chef de l’Etat qui a été publiée mardi.

Au terme du cycle électoral marquant la fin de la transition, l’opposition qui a boycotté les derniers scrutins ne siège nulle part et le parti au pouvoir domine partout. Une situation inédite depuis le renversement en 1990 du dictateur Hissene Habré mené par le maréchal Déby père. Le fils, lui aussi promu maréchal, a été désigné fin janvier président national du MPS.

Mahamat Zene Chérif, président du parti Tchad Uni, a appelé à boycotter tous les scrutins depuis la présidentielle, en prédisant des « résultats préfabriqués ». Pour lui, « c’est très inquiétant que, dans un régime dit démocratique et un État de droit digne de son nom, l’ensemble des institutions républicaines soient sous le contrôle d’un seul parti ».

Le MPS, lui, justifie la nouvelle donne par « la transition qui a chamboulé toutes les cartes politiques »: « les anciens partis sont tous rentrés dans la majorité, il n’y a plus d’opposition, le MPS a les militants et les moyens, il est seul présent sur l’ensemble du pays, ce n’est que logique qu’il gagne toutes les élections », a déclaré à l’AFP son secrétaire général, Aziz Mahamat Saleh.

Si le président Déby a assuré fin janvier que « le MPS ne saurait gouverner seul », cela ne s’est pas traduit dans les faits lorsque le gouvernement a été remanié début février, sans tenir compte de la main tendue par son principal opposant Success Masra, du parti des Transformateurs.

Marc PHILIPPE
Marc PHILIPPE
Journaliste

Partager:

S'abonner

spot_imgspot_img

Populaire

Plus d'articles similaires
Articles Similaires

Les présidents ivoirien et ghanéen appellent les États de l’AES à revenir dans la Cedeao

Le président ivoirien Alassane Ouattara et son homologue ghanéen...

Guinée-Bissau : le président Embalo candidat à un second mandat

Le président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, a...

Au Nigeria, la concurrence fait baisser les prix de l’essence

Le prix de l'essence à la pompe au Nigeria...

Soudan : l’UNICEF dénonce 221 enfants victimes de viols depuis début 2024

L'agence des Nations Unies pour l'enfance a déclaré mardi...