Détention de quatre agents français au Burkina : un bras de fer sans issue

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C’est un feuilleton digne d’un thriller d’espionnage qui dure depuis deux mois. Arrivés le 29 novembre en mission officielle, quatre membres de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) sont interpellés 48 heures plus tard à Ouagadougou par les services secrets burkinabés de l’ANR. Pourtant, ils étaient en mission en toute légalité au pays des Hommes intègres, munis de passeports diplomatiques français.
A leur arrivée, ces agents commettent deux erreurs fatales : présenter de simples e-visas au lieu de visas spéciaux, et oublier d' »effacer » leurs téléphones contenant des photos sensibles. De quoi motiver leur arrestation par la junte du le Capitaine Ibrahim Traoré. Si officiellement, leur arrestation est due à de simples « erreurs administratives », les autorités françaises soupçonnent la junte au pouvoir d’instrumentaliser ce prétexte. En effet, les militaires burkinabés viennent d’accueillir une vingtaine d’agents des services de renseignement russes (GRU) pour « collaborer » avec l’Agence nationale de renseignement (ANR) locale.
Accusés d' »espionnage », les agents français sont d’abord détenus au secret à la redoutée Direction de la sûreté de l’État (DSE). Après négociations, ils sont extraits de leur cachot avant Noël pour être assignés à résidence dans des villas privées à Ouaga 2000. Une libération en trompe l’œil, car le capitaine Traoré exige désormais de la France qu’elle lui livre trois opposants burkinabés en échange de leur totale liberté : Djibrill Bassolé, ex-ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, François Compaoré, le frère cadet de l’ancien président, et Newton Ahmed Barry, ancien journaliste et ex-président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), qui résident tous en France. Un chantage que Paris refuse catégoriquement. Mais les négociations piétinent et le rapport de force s’installe, au grand dam du d’Emmanuel Macron. Ce dossier ultra-sensible a d’ailleurs provoqué la colère du président français et le remplacement en urgence du patron de la DGSE, Bernard Emié.
Pour tenter une médiation, le Togo multiplie les navettes diplomatiques entre Paris et Ouagadougou. Mais Traoré campe sur ses positions et utilise les otages français comme monnaie d’échange. Une situation inextricable qui risque de durer.

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