Depuis son arrivée en Côte d’Ivoire en 2018, Yango a révolutionné la mobilité urbaine. La plateforme de voiture de transport avec chauffeur (VTC) contribue à ce changement dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. Toutefois, son parcours n’est pas exempt de défis, comme en témoigne sa suspension récente au Bénin. Retour sur une success-story contrastée.
Le modèle Yango : une transformation du transport urbain
À Abidjan, Yango est devenu en quelques années un acteur clé des transports urbains. La capitale économique ivoirienne illustre le succès de la stratégie de Yango avec 25 000 véhicules enregistrés sur la plateforme. Environ 100 000 trajets quotidiens sont réalisés. Ce modèle repose sur un partenariat avec des entrepreneurs locaux. Ils investissent dans des flottes de véhicules. Cela contribue à moderniser le parc automobile et à professionnaliser le secteur.
« L’âge moyen des véhicules est passé de 15 ans à moins de 3 ans. Cela offre une sécurité accrue. La qualité de service est également meilleure », explique Kadotien Alassane Soro, directeur Afrique de l’Ouest de Yango.
La plateforme a aussi permis la création de 160 entreprises locales. Les parcs de véhicules soutiennent des dizaines de milliers de chauffeurs. Ce modèle novateur a été déployé avec succès au Sénégal. Il a également été déployé au Cameroun. Cela confirme l’ambition de Yango de devenir un leader régional.
Des ambitions freinées au Bénin
Malgré ce succès, Yango a rencontré un revers majeur au Bénin. En décembre 2024, la Direction des transports terrestres béninoise a annoncé la suspension immédiate de la plateforme. Cette décision a immobilisé tous ses véhicules. Alertées par des plaintes relayées dans la presse et sur les réseaux sociaux, les autorités ont reproché à Yango des manquements importants, notamment :
- Absence de siège social au Bénin ;
- Anonymat des dirigeants, rendant la plateforme opaque ;
- Manque de transparence envers les chauffeurs affiliés.
« Yango n’est connu de personne, même leurs conducteurs ignorent tout de leurs responsables. Ils doivent se conformer aux règles. Cela garantit la sécurité des passagers », a déclaré Jacques Ayadji, directeur des transports terrestres.
Cette décision radicale est très différente. Le traitement réservé à Gozem, un autre opérateur de VTC, est plus clément. Gozem dispose d’un siège social connu. Gozem bénéficie ainsi d’un délai de deux mois pour régulariser sa situation.
Des alternatives limitées pour les usagers béninois
La suspension de Yango a des répercussions directes sur les habitants de Cotonou. La plateforme comptait de nombreux clients réguliers. Désormais, les usagers doivent se tourner vers d’autres options, souvent moins pratiques ou modernes, telles que :
- Bénin Taxi, la flotte étatique de taxis ;
- Les bus de transport en commun, souvent bondés et inconfortables ;
- Les taxis-motos, pratiques mais moins adaptés aux trajets longs ou familiaux.
Yango : un rôle clé dans l’urbanisation africaine
Malgré les obstacles rencontrés au Bénin, Yango reste un acteur majeur de la modernisation des transports en Afrique. Son modèle d’affaires encourage l’entrepreneuriat local. Il a permis de professionnaliser un secteur historiquement marqué par l’informel. Ce modèle offre une alternative compétitive et accessible.
En Côte d’Ivoire, Yango ne se limite pas au transport. La plateforme propose également des services comme la livraison de repas. Elle offre aussi le commerce électronique et le transport de marchandises. En investissant dans des véhicules électriques rechargeables, Yango ambitionne de contribuer à la transition vers des économies vertes.
Une expansion sous condition
Le cas béninois met en lumière les défis des opérateurs de VTC en Afrique. L’innovation doit s’adapter aux cadres réglementaires locaux. Les autorités béninoises sont favorables à l’activité. Cependant, elles exigent de Yango qu’il se conforme aux lois du pays avant toute reprise de service.
« Nous ne sommes pas contre l’activité. Mais il est impératif que Yango respecte les règles pour la sécurité des passagers », a insisté Jacques Ayadji.
Ce revers souligne l’importance pour Yango de consolider sa présence régionale. Ils doivent assurer une meilleure transparence et une conformité rigoureuse. En même temps, ils poursuivent leur mission de transformer la mobilité urbaine en Afrique.