Le pays est clairement opposé à la prise de pouvoir par la force et les armes. L’Algérie ne veut pas non plus d’une intervention militaire contre le Niger. Elle joue la carte de prudence, mettant en exergue l’exemple libyen et bien d’autres.
Ahmed Attaf, le chef de la diplomatie algérienne n’est pas en balade de santé. S’il fait le tour de certaines capitales ouest africaines ces derniers jours, c’est pour alerter sur le danger qu’il y a si le cas nigérien était mal géré. Prudent et voyant le mal pointer, l’Algérie sent le diable sous les jupes et se positionne en avertisseur. Aux dirigeants ouest africains, notamment de la Cedeao qui veulent opposer la force aux putschistes nigériens, Ahmed Attaf et son pays proposent une issue moins violente.
« Le principe du refus et du rejet des changements anticonstitutionnels tient particulièrement à cœur à l’Algérie puisque c’est au sommet africain d’Alger en 1999 que cette norme a été posée. Donc l’Algérie se considère d’une certaine manière le dépositaire politique, le dépositaire moral de cette norme et nous ne pouvons que la réaffirmer avec force au vue de la crise au Niger qui est une crise conséquente à un changement anticonstitutionnel » a indiqué Ahmed Attaf au terme d’une brève visite à Cotonou. Sur le rétablissement de l’ordre constitution et le retour de Bazoum au pouvoir, le pays marque tout de même un accord sans ambages. « Nous sommes au sein de la Cedeao comme en Algérie sur une même ligne de travail. Celle de coordonner au maximum nos efforts pour aboutir à un objectif commun, celui de restaurer l’ordre constitutionnel au Niger », soutient le chef de la diplomatie algérienne.
La position de Alger au-delà des appels pacifiques est on ne peut plus claire. L’Algérie est systématiquement contre les interventions étrangères partout où elles se sont produites avant que ne soit épuisés les moyens pacifiques, prévient Ahmed Attaf. « Nous avons mis en garde avec beaucoup de forces contre l’intervention américaine en Irak. Nous avons mis en garde contre les interventions militaires en Syrie, en Lybie. Nous donnons la priorité actuellement à travailler à promouvoir une solution pacifique à cette crise. Nous sommes dans cette logique », enchaine-t-il face au ministre béninois des Affaires étrangères dont le pays est très engagé pour une intervention militaire au Niger.
Jonadeleine TADAGBE