Deux chercheurs camerounais et leur guide ont été tués par des villageois en colère qui les ont battus, ligotés et brûlés en pensant avoir affaire à des combattants du groupe jihadiste Boko Haram, dans l’extrême nord du pays, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.
Le syndicat national des chercheurs (SYNAC) a dénoncé ce « meurtre horrible » en précisant dans un communiqué que l’équipe se trouvait à Souledé-Roua, une localité du Mayo Tsanaga, dans le cadre d’une « mission de recherche » pour « la collecte de données complémentaires en géologie structurale ».
« L’identité de ces trois victimes de la justice populaire n’a été découverte qu’après le forfait », a affirmé la radio d’Etat CRTV en rappelant que la population locale était régulièrement victime d’attaques de Boko Haram. Le SYNAC a demandé l’ouverture d’une enquête pour que les auteurs « répondent de leur crime devant la loi ». Le drame est survenu dimanche, a précisé à l’AFP le président du syndicat national des chercheurs, Alban Ngatchou.
Dénonçant le déficit d’encadrement entraînant une forme de « débrouillardise » qui « expose le chercheur à la vindicte populaire », le SYNAC a par ailleurs demandé que « les risques liés aux missions de recherche soient à l’avenir réduits au maximum » et la problématique du financement « solutionnée une fois pour toutes ».
Difficile à contrecarrer du fait de la mobilité de ses hommes, l’insurrection de Boko Haram est apparue en 2009 au Nigeria et a essaimé dans la région du lac Tchad, vaste étendue d’eau et de marécage entre Niger, Nigeria, Cameroun et Tchad. Le conflit a fait plus de 40.000 morts et environ deux millions de déplacés dans le nord-est du Nigeria. La guérilla de Boko Haram s’est infiltrée en 2013 dans l’extrême nord du Cameroun, région frontalière avec le Tchad et le Nigeria, historiquement connue comme un espace de trafics et de banditisme transfrontaliers.
L’armée tchadienne a récemment lancé une offensive aérienne et terrestre contre Boko Haram dans la région du lac Tchad, après une attaque meurtrière contre une de ses bases militaires qui avait laissé une quarantaine de morts. L’opération de riposte menée entre octobre et février a fait 297 morts dans les rangs jihadistes et 27 dans l’armée, selon le bilan publié par N’Djamena.