Un célèbre avocat et leader d’un parti politique au Burkina Faso, Hermann Yaméogo, a été libéré dimanche soir après avoir été « enlevé » samedi à Ouagadougou, ont indiqué lundi ses proches. De nombreux cas d’enlèvements de voix considérées comme hostiles au régime ont été rapportés à Ouagadougou et dans d’autres localités, depuis plus d’un an.
Me Hermann Yaméogo avait été « enlevé » à son domicile par des « hommes armés habillés en tenue civile » selon ses proches, quelques jours après la publication d’une analyse critique de la situation sociopolitique du pays, dirigé par une junte militaire. Ses téléphones, tous les ordinateurs et quelques documents avaient été saisis, selon les mêmes sources. Son lieu de détention n’a pas été renseigné. Hermann Yaméogo est l’un des fils de Maurice Yaméogo, premier président (1959-1966) du Burkina Faso indépendant, alors appelé Haute Volta.
Président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), il a publié mercredi sur les réseaux sociaux une « analyse critique » de la situation sociopolitique du Burkina, dirigé par un régime militaire avec à sa tête le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir après un coup d’Etat en septembre 2022. Son analyse a été largement relayée, poussant certains à saluer son « courage suicidaire ».
Le régime militaire a récemment libéré huit personnes enlevées ou arrêtées puis réquisitionnées de force dans la lutte antijihadiste, notamment des journalistes, des leaders de la société civile ou des proches d’hommes politiques. En revanche, le sort de dizaines d’officiers militaires accusés de « complot » ou de « tentative de déstabilisation des institutions républicaines » reste inconnu.