Cinq ressortissants nigériens ont été arrêtés mercredi au port béninois de Sèmè-Kpodji après « s’être introduits sur le site sans décliner leur identité », a indiqué le procureur spécial auprès de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme du Bénin.
« Pour justifier cette entrée frauduleuse sur le site, les intéressés ont indiqué être tous des employés de Wapco-Niger dont ils arborent les badges », a détaillé dans un communiqué jeudi le procureur béninois Mario Metonou. « Au moins deux d’entre eux sont des agents nigériens au service du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, qui se sont fait confectionner pour la circonstance de faux badges d’employés de Wapco-Niger », a ajouté le procureur.
Jeudi soir, les ministres nigériens de la Justice et du Pétrole ont confirmé les interpellations. Ils ont indiqué lors d’un point de presse qu’il s’agissait de la directrice générale adjointe de Wapco, Ibra Hadiza, et de quatre ingénieurs en mission de supervision.
Le ministre nigérien du Pétrole, Mahamane Moustapha Barké, a accusé le Bénin de « violation des accords » sur le transport du pétrole brut du Niger via le port béninois. Ces accords indiquent, selon lui, que les opérations de chargement des bateaux doivent se faire en présence des trois parties: béninoise, nigérienne et chinoise. Le général Abdourahamane Tiani, chef du régime militaire au pouvoir au Niger, a « donné des instructions » pour « arrêter la station (de pompage) de Koulélé », dans le nord-est nigérien, « si les membres de l’équipe » n’étaient pas libérés, a-t-il dit.
Les relations entre le Niger et le Bénin sont tendues depuis le coup d’État militaire qui a renversé le président nigérien Mohamed Bazoum en juillet 2023. Ces relations tournent depuis quelques mois au bras de fer, avec le chargement du pétrole nigérien. Ce pétrole doit être acheminé au port de Sèmè-Kpodji via l’oléoduc géant inauguré en novembre et géré par la société chinoise Wapco.
Les autorités nigériennes refusent toujours d’ouvrir leur frontière avec le Bénin, alors que Porto-Novo a longtemps conditionné le chargement du pétrole nigérien dans ses eaux à cette ouverture.