Angola : 17 manifestants tués par la police en 3 ans, selon Amnesty

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La police en Angola a tué au moins 17 personnes lors de manifestations au cours des 30 derniers mois, a accusé mercredi l’ONG Amnesty International en dénonçant un usage excessif de la force contre des rassemblements pacifiques, notamment le recours aux balles réelles.

Aucun policier ni aucun membre de la hiérarchie n’a été poursuivi en justice, a souligné l’ONG dans un rapport qui s’appuie sur des entretiens, le visionnage d’une cinquantaine de vidéos et photos des manifestations, des documents officiels et des messages sur les réseaux sociaux.

Amnesty dit avoir enquêté sur l’action de la police lors de 11 manifestations entre novembre 2020 et juin 2023, qui entendaient dénoncer la hausse du coût de la vie, des fraudes électorales ou encore le report d’élections municipales. « Les policiers ont utilisé des balles réelles et des gaz lacrymogènes contre les manifestants, tuant au moins 17 personnes, et ont battu et détenu arbitrairement certains manifestants en violation de la loi internationale et angolaise », a-t-elle dit.

Au cours de l’incident le plus meurtrier, la police a tué au moins 10 personnes en janvier 2021 après avoir ouvert le feu sur une manifestation contre la pauvreté dans la ville minière de Cafunfo, à quelque 750 kilomètres à l’est de la capitale Luanda, selon Amnesty. A l’époque, la police avait reconnu la mort de six manifestants, mais avait affirmé avoir agi en état de légitime défense après l’attaque par des manifestants d’un commissariat, blessant deux policiers.

Amnesty cite aussi la mort d’un garçon de 12 ans lors d’une manifestation où au moins trois autres personnes ont été tuées dans la ville de Huambo (centre) en juin 2023, lorsque la police a tiré sur la foule.

« La police a souvent eu recours à la force inutilement, notamment en tirant avec des armes, des grenades et des gaz lacrymogènes, contre des manifestants qui ne se livraient pas ou ne menaçaient pas de se livrer à un comportement violent », a dénoncé l’ONG de défense des droits humains.

En Angola, pays riche en pétrole, la police est notoirement connue pour ses pratiques brutales, un héritage de la guerre civile (1975-2002) et de près de quatre décennies de répression sous l’ancien président José Eduardo dos Santos. L’actuel chef de l’État, l’ancien ministre de la Défense Joao Lourenço, au pouvoir depuis 2017, doit rencontrer le président américain Joe Biden lors d’une visite en Angola en décembre.

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