Les Togolais votaient jeudi dans le calme pour des élections municipales, un test pour le pouvoir visé depuis début juin par des manifestations rares et meurtrières.
Les rues de la capitale Lomé étaient calmes jeudi, comme la veille, malgré l’appel à manifester de nouveau pendant ces deux jours lancé par des blogueurs et artistes. Ces derniers réclament un changement de pouvoir et dénoncent la récente réforme constitutionnelle ayant consolidé le pouvoir de Faure Gnassingbé, à la tête du pays depuis 20 ans.
Des forces de l’ordre étaient déployées sur les principaux carrefours, et les frontières terrestres fermées toute la journée, déclarée fériée, comme lors de chaque scrutin. La plupart des bureaux de vote ont ouvert comme prévu à 07H00 (locales et GMT), mais les électeurs s’y rendaient au compte-gouttes.
Pour ces troisièmes élections municipales de l’histoire du pays, 1.527 conseillers municipaux doivent être élus parmi 500 listes de partis politiques, dans les 117 communes du pays. Ils éliront à leur tour les maires. « Les électeurs viennent un à un. Nous espérons qu’ils sortiront dans l’après-midi. Mais le vote se déroule dans le calme », a déclaré Bernisse Adjo, présidente d’un bureau au collège Attiégou.
En juin, des dizaines de jeunes ont marché à plusieurs reprises pour contester l’arrestation de voix critiques, la hausse du prix de l’électricité et surtout la nouvelle Constitution. La société civile avait dénoncé la mort de sept personnes qu’elle impute aux forces de l’ordre, notamment des corps repêchés dans des cours d’eau de Lomé. Le parquet a lui fait état de cinq morts par noyade, et ouvert une « enquête contre X ». Par ailleurs, des mandats d’arrêt ont été lancés contre les blogueurs et artistes à l’origine des contestations de ce mouvement dit Mouvement du 6 juin, « M66 ».
Plusieurs des principaux partis politiques d’opposition, dont l’Alliance nationale pour le changement (ANC), ont pris part à ces élections municipales, après avoir boycotté les élections sénatoriales en février pour protester contre la nouvelle Constitution.
Les dernières municipales remontent à juin 2019, 32 ans après les précédentes en raison de plusieurs crises politiques. Elles avaient été remportées par l’Union pour la République (UNIR, au pouvoir), avec plus de 60% des sièges de conseillers municipaux. Le taux de participation avait été estimé à 52,46%, selon la commission électorale, et était faible à Lomé. Avant 1987, il n’y avait pas d’élections municipales au Togo.
Le pays a connu des vagues de manifestations massives contre le pouvoir, notamment en 2005, année de l’élection de Faure Gnassingbé, puis en 2013 et entre 2017 et 2018.