Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont annoncé l’ouverture d’enquêtes séparées contre le journaliste de la chaîne française France 24 Wassim Nasr, lui reprochant ses sources dans les milieux jihadistes et l’accusant de soutenir leurs actions au Sahel. L’annonce de ces investigations s’inscrit dans un contexte de persistance des attaques jihadistes sous les juntes au pouvoir dans ces pays et de répression de l’expression défavorable ou critique pour ces régimes.
« L’analyse combinée des différentes interventions de Wassim Nasr sur les différents médias où il intervient laisse apparaître des prises de position et des commentaires s’assimilant à des actes de publicité et de soutien flagrant aux terroristes et aux actions des terroristes sévissant au Sahel », déclarent les parquets burkinabè, malien et nigérien dans des termes identiques, dans des communiqués lus mercredi soir sur les télévisions d’Etat respectives.
Les parquets évoquent des interventions de Wassim Nasr à la suite de la double attaque qui a fait des dizaines de morts dans les rangs des forces de sécurité maliennes à Bamako en septembre et qu’ont revendiquée les jihadistes affiliés à Al-Qaïda. Le parquet burkinabè argue de ses informations sur une attaque qui avait fait des dizaines de morts civils en novembre 2023 à Djibo, dans le nord.
Les faits visés par les enquêtes sont « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, complicité d’acte terroriste et apologie du terrorisme », disent-ils. Ils affirment leur volonté de mettre « hors d’état de nuire » les auteurs de ces faits.
La chaîne France 24 a dénoncé des accusations « dénuées de fondement » contre le journaliste. France 24 « dénonce ces graves accusations dénuées de fondement et exprime tout son soutien à Wassim Nasr », dit la chaîne dans un communiqué. Ces procédures sont « une étape supplémentaire dans les entraves à la liberté de la presse dont sont victimes les confrères locaux et les médias internationaux dans cette zone », a-t-elle ajouté.
Les trois pays sont alliés depuis un an dans une Confédération des Etats du Sahel. Ils ont rompu avec la France et se sont tournés vers de nouveaux partenaires, dont la Russie. Les militaires au pouvoir dans les trois pays ont suspendu des médias français, dont France 24 et Radio France Internationale.