De violents affrontements ont opposé militants de l’opposition aux forces de l’ordre ce vendredi. Les gendarmes et policiers ont dispersé une manifestation des candidats de l’opposition avec du gaz lacrymogènes. Les manifestants se sont éparpillés dans les rues avoisinantes où des échauffourées ont éclaté avec les forces de l’ordre. Des rambardes rouges encadrent encore la place de la Nation où se tenait le rassemblement dans la capitale sénégalaise.
L’objectif de ce rassemblement était de protester contre la loi votée à l’Assemblée nationale pour, non seulement, reporter la présidentielle jusqu’au 15 décembre prochain, mais également proroger le mandat du président Macky Sall.
«La situation est déplorable, on est venu prier et on s’est fait gazer, ce qui est intolérable. Les Sénégalais doivent s’indigner et plus seulement sur les réseaux sociaux», a déclaré à l’AFP l’un des candidats à la présidentielle, Thierno Alassane Sall.
À la mosquée Masjidounnour de Dakar, pour la grande prière musulmane du vendredi, seule une poignée de fidèles était vêtue de blanc et des couleurs nationales, à l’appel d’un nouveau collectif de groupes citoyens, religieux et d’organisations professionnelles qui s’oppose au report. Mais dans son prêche, l’imam Ahmed Dame Ndiaye s’est insurgé contre la situation politique. «Même le président peut faire des erreurs et dans ce cas c’est à nous de lui dire la vérité», a-t-il estimé, ajoutant que «personne n’a le droit de regarder la société en train d’être détruite». Pour le muezzin Souleymane Ndiaye, le président Macky Sall «s’est dédit et c’est une honte pour tous les Sénégalais. La parole donnée est sacrée».
La tension a régné tout au long de l’après-midi, jusqu’à même dans la soirée de ce vendredi. Dans ce climat tendu, des journalistes ont été arrêtés et certains blessés.
Le collectif Aar Sunu Election («Protégeons notre élection») a aussi demandé aux chrétiens de s’habiller en blanc à la prière du dimanche et prévoit une manifestation mardi. Le collectif a insisté sur sa volonté de protester pacifiquement et de garder son indépendance. Une douzaine de candidats opposés au changement de calendrier, sur les 20 retenus par le Conseil constitutionnel, ont exprimé leur souhait d’une convergence avec la société civile.