Un réseau de politologues lance à Kinshasa un outil de surveillance et de sensibilisation sur la « cyberviolence verbale ». L’outil est baptisé « politoscope ».
La campagne pour les élections générales du 20 décembre dernier, « s’est clôturée dans un environnement de violences physiques et verbales », a déclaré devant la presse Christian Moleka, coordonnateur national de la Dynamique des politologues, Dypol, de la RDC.
Il indique que deux candidats sont morts et 19 citoyens ont été tués. Des femmes auraient aussi été violées et »stigmatisées ». Christian Moleka note également la « polarisation ethnique » et la « xénophobie » de certains propos. Ces faits ont contribué à « fracturer un peu plus la cohésion nationale » de la RDC.
Le réseau de politologues décide donc de surveiller à partir de ce mois de mars les comptes X, ex-Twitter. Son rôle est d’analyser et synthétiser dans un point quotidien, un rapport hebdomadaire puis un « baromètre mensuel du débat politique ».
Selon la Dypol, cette violence « a trouvé dans les réseaux sociaux un terreau favorable d’expansion, où se développent insultes, agressions verbales, intolérance politique et extrémisme des discours ».
Bientôt 50 analystes
Ce programme est financé notamment par le Centre d’études pour l’action sociale, Cepas, et l’Union européenne. Il emploie dans un premier temps 11 jeunes analystes et, espérant plus de moyens et de partenaires, compte en avoir 50 à terme, a précisé Christian Moleka.
« Il y a des gens qui vivent du buzz et nous allons remettre en question leur modèle économique » mais, a-t-il déclaré, « on ne va pas aller au frontal, ce qu’on veut c’est trouver un cadre d’échanges ». « Notre démarche est scientifique et citoyenne, elle n’est pas politique », a-t-il affirmé.
Les initiateurs du projet disent attendre l’avis de juristes pour savoir s’ils peuvent publier les noms des détenteurs de comptes passés au crible ou s’ils doivent les flouter.