À Lagos, au Nigeria, dans un pays où la noyade figure parmi les principales causes de mortalité infantile, un petit groupe d’enfants malvoyants apprend à nager. Une initiative aussi rare que salvatrice, dans un contexte où l’enseignement de la natation reste largement absent des programmes scolaires et inaccessible aux populations vulnérables.
Le projet s’inscrit dans le cadre de « Swim in 1 Day Africa », un programme fondé par Emeka Chuks-Nnadi, éducateur et entraîneur. « L’objectif est de combler le fossé entre les personnes handicapées vivant dans des pays développés, qui ont accès à des thérapies aquatiques, et celles qui, ici, sont souvent exclues de tout apprentissage », explique-t-il. « La natation peut améliorer leur qualité de vie, sur le plan physique, mental et social. »
L’impact est palpable. Fikayo Adodo, 14 ans, malvoyant, affirme avoir gagné en assurance depuis qu’il a appris à flotter. « Je me sens plus sûr de moi, même en classe ou quand je parle devant les autres », témoigne-t-il. Pour Boluwatife, 10 ans, la natation a été une révélation : « Je pensais que je n’y arriverais jamais. Aujourd’hui, je suis fière de dire que je sais nager. »
Au-delà du simple apprentissage, cette initiative remet en cause les préjugés tenaces qui entourent le handicap au Nigeria, où les enfants atteints de déficiences visuelles sont souvent marginalisés, voire tenus à l’écart de toute activité physique. En leur donnant accès à l’eau, le programme leur rend aussi une forme de liberté et de dignité.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, plus de 200 000 personnes se noient chaque année dans le monde, la majorité dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.