Le ministère nigérien de la Communication a annoncé vendredi la suspension d’une des chaînes de télévision privées les plus importantes du pays et d’un de ses journalistes, respectivement pour un et trois mois, sans donner de raison, au lendemain de la diffusion d’un sujet sur la « performance » du gouvernement.
Le régime militaire du Niger, au pouvoir depuis un coup d’Etat perpétré le 26 juillet 2023, a déjà suspendu la diffusion de plusieurs médias internationaux, comme RFI, France 24 et la BBC. « La carte de presse du journaliste Seyni Amadou de Canal 3 TV est suspendue pour une durée de trois mois » et « la chaîne de Canal 3 TV est suspendue pour une durée d’un mois », a indiqué le ministère dans un communiqué.
Le ministère ne précise pas les raisons des deux suspensions. Mais selon la direction de la chaîne Canal 3, ces sanctions sont en lien avec un élément sur le classement des ministériel du gouvernement d’Ali Mahaman Lamine Zeine, Premier ministre civil nommé par le régime. Illustré par des photos de chaque ministre, le commentaire lu par Seyni Amadou et diffusé jeudi soir sur Canal 3 est présenté comme « un baromètre de performance » des membres du gouvernement.
Le ministre de l’Intérieur, le général Mohamed Toumba, membre influent du régime, « aurait dû être en tête de ce classement (…) sauf que son ministère est investi et infesté par des commerçants et jeunes vendeurs d’illusions », avait commenté le journaliste »
En novembre dernier, un journaliste de la même chaîne, le Nigéro-Ivoirien Serge Mathurin Adou, avait été inculpé pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » et incarcéré dans une prison nigérienne dans une affaire de déstabilisation présumée au Burkina Faso voisin, lui aussi dirigé par un régime militaire et allié du Niger.