Neuf ans après la tragédie de Charlie Hebdo, Joachim Roncin raconte la folle histoire du slogan « Je suis Charlie »

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Neuf années sont déjà passées, mais le souvenir du 7 janvier 2015 hante encore Joachim Roncin. L’histoire de ce drame tout comme la sienne ce jour-là, il la raconte dans un livre qui paraît aux éditions Grasset « Une histoire folle : comment j’ai créé Je suis Charlie et le voyage en Absurdie qui a suivi »

Le 7 janvier 2015 et les jours qui l’ont suivi, des milliers de français et de nombreux autres à travers le monde ont repris « Je suis Charlie », le slogan qui a germé après la sanglante attaque qui a ôté la vie à douze membres du magazine satirique français Charlie Hebdo. Joachim Roncin à qui l’on doit le slogan revisite l’histoire du drame. Il aurait pu faire partir lui aussi ce jour-là s’il n’avait pas été occupé en tant que directeur artistique d’un autre magazine, Stylist à faire son job ailleurs. Il avait 38 ans à l’époque. Ce journal n’est pas qu’un job, un travail ou une passion/ C’est d’abord sa vie, une bonne partie de sa jeunesse. Horrifié et terrifié par ce qui est arrivé à ses autres collègues, il n’avait ni voix ni inspiration, mais son génie créateur s’est exprimé derrière la douleur. Ce jour-là, il griffonne des « Charlie » sur un carnet. Puis « Je suis » devant l’un d’eux, conte-t-il. « Je lance Illustrator, logiciel avec lequel je travaille chaque jour, et j’écris JE SUIS. D’abord une typo noire sur fond blanc. Je me ravise, elle sera blanche sur fond noir (…) J’ajoute CHARLIE (…) Je poste mon tweet », à 12h52, écrit-il aujourd’hui pour replonger dans l’histoire. 

Cri de ralliement 

Ce slogan improvisé pour exprimer la détresse du moment deviendra dans les secondes d’après un cri de ralliement aux quatre coins du globe. Il sera repris en chœur par les millions de personnes qui ont manifesté leur soutien aux victimes de cet attentat, ou commentée à l’infini par ceux qui approuvaient ou critiquaient le slogan. Joachim Roncin est sollicitée de toutes parts. Tous les grands titres le veulent et les sollicitations pleuvent. De manière incessante, il sera amené à faire le tour des médias pour s’exprimer. La disproportion saute aux yeux, dans le récit, entre l’intention de départ, qui est de partager son émoi, et la portée planétaire de ces trois mots. 

« Si c’était à refaire, peut-être que je ne répondrais pas à tous ces journalistes », confesse-t-il aujourd’hui. « Je suis Charlie » en plus de faire passer un anonyme au-devant de la scène et des caméras lui vaudra d’autres honneurs comme cette audience avec le président ukrainien, pays d’origine de sa mère. Joachim Roncin est même devenu directeur du design des Jeux olympiques de Paris 2024 pour ces trois mots qui à l’origine ne voulaient pas dire grande chose. « Tout ça est tellement parti vite… Comme moi, le slogan aura eu mille vies depuis 2015 », écrit-il.

Marc PHILIPPE
Marc PHILIPPE
Journaliste

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