Mali : une centaine de partis politiques redoutent leur dissolution par la junte

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Une coalition rassemblant une centaine de partis politiques a accusé la junte au pouvoir au Mali de vouloir leur dissolution, lors d’une rare prise de position publique samedi à Bamako.

Ce rassemblement est exceptionnel dans ce pays sahélien où les militaires qui ont pris le pouvoir lors d’un double coup d’Etat en 2020 et 2021, répriment toute voix discordante et ont réduit l’opposition au silence.

« On ne veut pas de la dissolution des partis politiques », a déclaré Abdallah Yattara, membre du parti Yelema, lors de la conférence de presse de la coalition à la Maison de la Presse.

Des concertations encadrées par les autorités se tiennent depuis deux semaines pour élaborer une charte des partis, avec notamment une proposition de dissoudre les formations politiques existantes pour ne garder qu’une poignée de partis favorables à la junte.

Cette charte est une des recommandations des Assises Nationales de refondation organisées par les militaires en décembre 2022 pour « construire une solution de sortie de crise » au Mali.

« Le ministre délégué (en charge des réformes politiques) ne nous a pas conviés à des discussions. Au lieu de cela, il a rapidement dépensé les ressources publiques dans une pseudo-concertation », indique une déclaration commune des partis lue par le porte-parole de la coalition, Oumar Ibrahim Touré.

Les militaires au pouvoir ont manqué à leur engagement de remettre le pouvoir aux civils fin mars 2024 et ont reporté la présidentielle à une date toujours inconnue. Une nouvelle Constitution a été adoptée lors d’un référendum en juillet 2023. Les activités des partis et des associations à caractère politique au Mali avaient été suspendues d’avril à juillet 2024.

« La Constitution du Mali dit que les partis exercent librement leurs activités. Mais, elle ne dit pas qu’il faut (nous) limiter. Nous ne voulons donc pas d’instance pour nous limiter ou nous dissoudre », a déclaré Mountaga Tall, président de cette coalition.

Les partis soupçonnent la junte de vouloir les dissoudre ou suspendre comme au Burkina et au Niger voisins, également dirigés par des régimes militaires et alliés du Mali au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES).

« Il y a eu dissolution des partis au Niger et au Burkina. Il n’y a pas de Constitution dans ces deux pays, mais au Mali, oui », a ajouté Tall. Dans leur déclaration commune, les partis ont toutefois affirmé « leur solidarité avec l’armée ». Un meeting prévu dimanche à Bamako par ce collectif de formations politiques a été annulé par les autorités.

« Les partis politiques ne constituent pas un problème pour le Mali. Au contraire, ils constituent une solution. Les problèmes du Mali sont ailleurs. C’est l’insécurité, la cherté de la vie », ainsi que les enjeux liés à la santé et à l’éducation », a déclaré le président du parti Yelema, Youssouf Diawara.

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